Publié le 19/02/2024
A l’issue de cette 17ème session, j’ai souvenir de la première session à Montpellier en 2005, qui était placée sous le signe de l’amitié entre les cultures : Toi, chrétien, juif, musulman ou agnostique, invite ton ami « différent » à venir partager ce qui te tient le plus a cœur, ce que tu es vraiment au-delà des différences religieuses, culturelles ou sociales.
C’était une grande ambition : Celle de déplacer, de faire bouger toutes les certitudes, habitudes et barrières qui le plus souvent, nous enferment dans ce que nous sommes. Ce qu’Amin Maalouf appelait les « identités meurtrières. »
Je me souviens aussi de l’un de nos intervenants, lors d’une autre session, disant : « cette fois-ci nous nous sommes vraiment rencontrés » ce qui sous-entendait que d’autres fois, nous étions restés simplement côte à côte, ou au pire face à face ?
L’enjeu de cette 17éme session est là : repartons-nous les mêmes, chacun de son coté ? Ou bien « quelque chose » a-t-il bougé en nous, entre nous ?
Tout pourtant dans cette session nous y incitait, l’étrangeté de l’autre, de sa culture, de ses textes, de son discours !
La lecture partagée d’un texte d’une autre culture est souvent ardue, mais elle dessine un paysage nouveau, inconnu dans lequel il nous faut consentir à nous promener, guidés par nos jardiniers – intervenants. Mais nous restons souvent enfermés dans nos habitudes de pensée, elles-mêmes coulées dans nos habitudes culturelles ou sociales.
Pourquoi donc , aujourd’hui, me préoccuper de l’interprétation de ces textes bien anciens , alors que tant de questions apparemment plus essentielles se posent chaque jour, nous l’avons vu, ces jours-ci, en ce qui concerne les déracinements, les migrations.
Pourtant, cette même « interprétation » ou relecture est constamment menacée par des ignorances ou des simplismes réducteurs capables d’enflammer les réseaux sociaux, mais aussi, nous en sommes témoins, d’enflammer aussi….nos civilisations, en contestant ses valeurs essentielles.
L’enjeu est donc là : Avons-nous, à un moment ou à un autre, été touché, bousculé ou simplement ému, par la rencontre de l’autre différent, chrétien, juif, musulman, gnostique, athée mais aussi de tout autre des multiples cultures de notre village/monde ? (Nos sessions LLE restent ouvertes sur d’autres univers culturels, hindouisme, taoïsmes, cultures amérindiennes etc.)
Si, comme nous l’espérons, c’est le cas, nous avons ensemble, ouvert ou simplement entrebâillé la porte d’un nouvel ESPACE COMMUN, qu’on oserait qualifier de « fraternité universelle », mais qui reste , lui aussi , à découvrir, au fil de ces rencontres ; Il n’est ni simple syncrétisme, ni comparatisme, mais recherche de vérités situées dans un « au-delà » des religions, où se rencontrent déjà, la laïcité bien sûr, mais aussi la culture, la tolérance, la bienveillance et surtout la source de la paix.
Cet espace commun, constamment nié par des croyances et des pouvoirs bien établis, est déjà pressenti par beaucoup mais fragile et il nous appartient ici, de l’enrichir, de le consolider à partir de nos travaux et nos amitiés partagées.
C’est l’objectif que nous suivrons pour nos prochaines sessions.
Marc Henri Baudot