Conflit israélo-palestinien

Publié le 02/01/2024

Relire le passé aide à comprendre le présent mais ne permet pas d’imaginer l’avenir…

Texte rédigé le 26/12/2023

Texte écrit dans le cadre de l’Atelier Politique de La Vie Nouvelle pour donner des éléments de compréhension de la situation. Il n’a pas de prétention à être une référence. Il est inévitablement réducteur mais appelle à la réflexion et l’échange.
D’autres aspects mériteraient d’être abordés : résolutions de l’ONU, « démocratie » israélienne, situation d’apartheid, blocage de la Cisjordanie, rôle des USA, traité d’union Israël-U.E…

Le conflit trouve ses origines dans des siècles d’histoire qui ont modelé 2 légitimités, 2 vérités qui s’excluent, 2 appropriations de la terre s’appuyant sur des présences longues. La Palestine est carrefour, lieu de passage Asie-Afrique-Europe-Moyen Orient. Cela a entrainé de nombreuses invasions, conquêtes, croisements et assimilations de populations.

Les fouilles archéologiques révèlent des traces d’occupation anciennes, sans définir un vrai/faux, un bien/mal, sans établir une vérité incontestable….
La Bible n’est pas un livre d’Histoire mais un recueil de traditions orales, de textes mythiques à but théologique. Les écrits les plus anciens sont ceux de la Mer Morte (-300) et la Bible n’a été fixée dans sa version définitive qu’au 4èm siècle de notre ère. Des historiens actuels questionnent de plus en plus les affirmations antérieures. Les existences même d’Abraham, de David, d’un « royaume » sont sujettes à interrogation.

Il convient donc d’être prudent dans les datations, les évènements…

1. HISTOIRE ANCIENNE

Les Philistins, venus de Crête sous Ramsès II (-1250) auraient donné ce nom de « Palestine ».
Les tribus cananéennes venues d’Arabie (-1200) pourraient-être ancêtres des Palestiniens.
Les premières implantations d’Israélites se feraient ensuite. David aurait créé un royaume, unifiant des tribus en voie de sédentarisation, mélange de Cananéens et d’Israélites vers l’an -1000.
Puis les invasions se sont succédées : Assyriens -722, Babyloniens -586 (déportation ?),
Perses -539, Alexandre le Grand -333, enfin les Romains en -141.

Le soulèvement Juif en l’an 70 est écrasé et amène l’expulsion des élites. Celles-ci se dispersent et font des conversions dans tout le monde connu de l’époque.
Sous Constantin, vers 313, le christianisme se répand en Palestine et dans toute la région.
638 voit l’invasion Arabe et l’essor de l’Islam, 1096 arrivée des Croisés, 1250 conquête des Mamelouks, 1517 victoire des Turcs Ottomans… pour ne citer que les principaux épisodes.

2. HISTOIRE CONTEMPORAINE

A partir de 1880, les premiers colons s’installent en Palestine, peuplée de 500.000 Musulmans, 60.000 Chrétiens et 20.000 Juifs. Les pogroms en Europe de l’Est accélèrent ce mouvement. Les implantations se développent par achat de terres, avec des débuts de réactions palestiniennes. 1898, le sionisme se redéfinit en mouvement national à visée coloniale avec Théodore Hertzl.,
En 1917, les Anglais promettent l’établissement d’un « foyer national Juif » par la déclaration Balfour. Ils encouragent parallèlement le soulèvement contre l’empire Ottoman en promettant un état Arabe sur le même territoire : terre doublement « promise » !

En 1917, les accords Sykes-Picot, à la chute de l’Empire Ottoman, tracent les frontières des nouveaux états. France et Grande Bretagne se répartissent les « protectorats ».
En Palestine, les attentats se multiplient contre la puissance britannique occupante, (groupes terroristes juifs Irgoun et Stern, attentat de l’hôtel King Davis : 90 morts).

Novembre 1947 : plan de partage de l’ONU (culpabilité de la Shoah mais peut-être aussi volonté de se débarrasser du « problème juif » et de l’antisémitisme qui perdure ?).
Sur une population de 2M. d’habitants, 650.000 sont Juifs (soit 1/3), le nouvel état récupère 50% du territoire, les régions côtières les plus riches.

14 mai 48, déclaration de l’état d’Israël, les pays arabes voisins attaquent mais sont battus. Israël augmente son territoire de 23%. La Jordanie prend le contrôle de la Cisjordanie et empêche la création de l’état de Palestine.
Nakba, la catastrophe : 530 villages détruits dont 12 avec massacre des habitants, départ

forcé de 750.000 Palestiniens qui deviennent réfugiés. Ben Gourion demande à ses troupes « le territoire le plus large et le plus homogène possible ». Le plan Daleth, organise le « nettoyage ethnique ». Aujourd’hui, les Palestiniens craignent une nouvelle Nakba du fait de la volonté affichée d’expulsion mais peut-on envisager de mettre dehors 7M. d’habitants ?

Mythes fondateurs d’Israël : « Dieu nous a donné cette terre », « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Le « droit au retour » permet à tout Juif, quelle que soit son origine, d’obtenir la nationalité Israélienne. Les arrivées successives proviennent surtout d’Europe
Centrale, Juifs convertis n’ayant jamais eu de racine en Palestine.

Les réfugiés palestiniens n’auront, eux, jamais la possibilité de regagner leur terre, ils sont actuellement environ 6M. sous la responsabilité de l’ONU, dans 52 « camps ».
1957, Arafat fonde le Fatah qu’il préside jusqu’à sa mort en 2004, il réside d’abord en Jordanie (expulsion, Septembre Noir), puis au Liban, enfin en Tunisie avant un retour à Gaza en 1994.
1967, guerre des 6 jours, Israël attaque les pays voisins, occupe Sinaï, Cisjordanie, Golan.
1973, guerre du Kippour. Egypte et Syrie, battus, signent la paix avec Israël (récupération du Sinaï). 1982, massacres à Sabra et Chatila, Liban sud, par les phalanges chrétiennes avec soutien d’Israël. 15 nov. 1988, proclamation de l’Etat de Palestine mais sans réalisation concrète.

Aujourd’hui, 136 membres de l’ONU sur 193 reconnaissent cet état, mais pas la France.
1993, Accords d’Oslo : reconnaissance d’Israël par le Fatah et découpage provisoire de la Palestine en 3 zones administratives ce qui entérine en fait l’occupation israélienne.
1995, assassinat de Rabin par un extrémiste juif, fin des accords de paix et de l’espoir de solution. 1997, 1ère intifada, soulèvement populaire, « guerre des pierres », Palestiniens sans armes. 2000, échec des négociations de Camp David (Israël refuse l’autonomie de la Palestine).

2ème Intifada, suite à la provocation de Charon en visite sur l’Esplanade des Mosquées.
2002, construction du mur de séparation, actuellement plus de 800Km !
2007, Gaza devient une « prison à ciel ouvert » du fait du blocus et de l’enfermement.
Depuis, la situation se dégrade : interventions punitives à Gaza, développement des colonies, montée de l’intégrisme religieux…

3. SITUATION ACTUELLE

L’histoire ancienne (mélanges de populations, conversions successives) rend donc vaine toute recherche de pureté ethnique ou de hiérarchie dans la légitimité. Cependant les Palestiniens subissent depuis 1948 la négation de leurs droits, l’humiliation, la spoliation de leurs terres. L’attaque du 7 octobre a chamboulé la situation. Les actes barbares du Hamas ont été largement condamnés. Ils ont entrainé une riposte israélienne très disproportionnée, elle-même qualifiée de génocide et crime contre l’humanité. Les frappes contre les populations civiles sans refuge possible risquent de mettre Israël au ban de l’humanité. On est passé sur le registre de la haine, la vengeance sans limite. Cependant, les évènements ont ramené la Palestine sur le devant de la scène internationale et empêché les accords Israël-Arabie Saoudite (accords d’Abraham).

De nombreux dirigeants réclament une solution politique à deux états. Pour cela, l’initiative internationale est nécessaire car, pour la majorité des israéliens, la Palestine n’existe pas et est déjà intégrée, de fait (contrôle militaire total, économique, administratif, lois d’exception…).

L’option d’un seul état binational est également rejetée par Israël du fait d’un rapport démographique défavorable, les Palestiniens étant plus nombreux sur l’ensemble du territoire. Nous assistons à un conflit de type colonial avec un occupant/un occupé, un conflit asymétrique, la Palestine n’ayant pas d’armée. Cela entraine des règles internationales non respectées. La survied’Israël est basée sur la force et la désignation de l’ennemi Palestinien, bouc émissaire nécessaire à son unité. Il n’y aura de paix que politique et cela nécessite sans doute que le plus fort tende la main au plus faible.
L’urgence est d’arrêter les massacres, obtenir un cessez le feu.
Viendra ensuite le temps des négociations et des enquêtes sur les responsabilités (soutien de Netanyahou au développement du Hamas, information sur l’action prévue à Gaza..?).
Actions vaines à l’ONU ou au TPI, nous sommes témoins impuissants, que font nos dirigeants ?
Les puissances occidentales ont créé le problème en 1947 et doivent se sentir responsables.
Deux peuples frères pourtant appelés (condamnés ?) à vivre ensemble sur la même terre…
La religion s’est de plus en plus introduite dans ce conflit mais elle ne peut être le critère de référence (Israël « état du peuple juif » ?).
Tout homme doit pouvoir vivre en paix où qu’il se trouve et quelle que soit sa croyance.

Proclamation de Cyrus en -530, après la prise de Babylone et la réinstallation d’Hébreux en Palestine.
Texte considéré comme esquisse de la déclaration des droits de l’homme :
« J’ai accordé à tous les hommes la liberté d’adorer leurs propres dieux et ordonné que nul n’ait le droit de les maltraiter pour cela. J’ai ordonné qu’aucune maison ne soit détruite.

J’ai garanti la paix, la tranquillité à tous les hommes.
J’ai reconnu le droit de chacun à vivre en paix dans la province de son choix ».

Jean Pierre HENRY pour l’atelier politique de Vie Nouvelle

Pour aller plus loin

De nombreux ouvrages existent sur le sujet, peu disponibles en librairie mais qu’on retrouve sur internet, soit par « livres sur la Palestine », soit sur le site AFPS :

« Comment le peuple juif fut inventé » par Shlomo Sand,
« La Palestine expliquée à tout le monde » d’Elias Sanbar,
« Israël-Palestine de Alain Gresh,
« De Gaza à Jénine, tant que la guerre durera » par Dominique le Neu,
« Israël-Palestine, une guerre sans fin » par Alain Dieckhof,
« Palestine et Palestiniens », Groupe de Tourisme Alternatif
« Manifeste Pour les Palestiniens », Rony Brauman, éd. Autrement.
Les revues ont consacré des articles documentés : Le Monde hors-série 2023, Esprit, l’OBS 3090…

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