Jean-Louis Bourlanges : voter pour les valeurs de l’Europe

Publié le 18/03/2019

Entré très tôt en politique en cofondant l’Union des jeunes pour le progrès en 1966, Jean-Louis Bourlanges est élu en 1989 au Parlement européen sur la liste de Simone Veil et sera député européen jusqu’en 2007. Il est attaché intellectuellement et senti-mentalement à la construction européenne.


Le Parlement européen est l’incarnation de la démocratie représentative et fonctionne sous deux modèles : le système intergouvernemental, soutenu par A. Merkel et AKK (Annegret Kramp-Karrenbauer, la dauphine de Merkel), qui agit sans avoir préparé, décide à l’unanimité, n’a pas de représentation citoyenne ni de contrôle juridictionnel et le système communautaire. La Commission réfléchit, prend l’initiative, fait une proposition, le Conseil décide, à la majorité qualifiée, en convainquant, allant vers l’autre, trouvant des compromis.

Le Parlement européen ne peut pas imposer sa vue aux États mais les États peuvent proposer au Parlement. C’est la seule institution qui a un mécanisme de décision à la majorité des membres. À la différence de la Commission qui a un représentant par État, le parlement assure une représentation proportionnelle à la démographie des différents États.

Perspectives des élections européennes de 2019
Pour la première fois il y a une relative congruence entre le vote européen et la distribution des forces politiques. Fait nouveau, le tandem PPE/S&D n’aura pas la majorité. Aujourd’hui l’ensemble du système est davantage réaligné entre société ouverte ou fermée, intégration européenne ou repli souverainiste, ouverture sur les autres économies ou retour au protectionnisme. Les grands choix vont être des choix poli-tiques pour constituer une Europe forte avec des groupes qui devront prendre des initiatives ou une Europe sans pouvoir européen…

Des choix fondamentaux qu’il faut assumer, deux grands enjeux
Les choix qui ont été faits depuis 1950, tourner le dos aux années 1930 pour le respect des libertés et des droits fondamentaux et le rejet de l’autarcie, sont les meil-leurs. Cela nous a donné la paix, la démocratie, la prospérité, la li-berté. L’Histoire que nous avons vécue n’est pas terminée.

Faut-il défendre ces valeurs en-semble ou séparément ?
Il y a eu trois phases dans le passé   : la guerre froide, l’effondre-ment du bloc soviétique, la renaissance de toutes les menaces. Un nouveau cycle débute avec la réinstallation des grands empires : la Chine, plus capitaliste que démocrate, les États-Unis, la Russie. La menace du terrorisme islamiste reste grande. La mondialisation est dynamique et rapide. Le nouveau monde est une archipellisation des États qui sont remis en cause et se replient. Le Royaume-Uni risque d’imploser. Les Européens ont résisté, malgré le Brexit, les cris de protestation d’autres. C’est ensemble qu’ils peuvent défendre leurs valeurs.

Il existe une crise de la démocratie représentative, la politique c’est un travail complet d’élaboration et d’évaluation, pas une improvisation. Appartenir à une élite sociale n’est pas le problème  ; il faut appartenir à une élite de l’engagement[[Jérôme Fourquet, L’Archipel français – Naissance d’une nation multiple et divisée, Éd du Seuil, février 2019.]]. On assiste à une crise générale de l’individualisme : « le seul corps politique souverain, c’est moi ». On ne supporte pas qu’entre soi et la décision qui s’applique à soi il y ait quelqu’un.
Dans cette élection européenne se joue l’avenir de valeurs à définir ensemble. Soit nous les partageons tous ensemble soit nous allons seuls vers une désintégration.

Michèle Vivien, atelier Politique de LVN

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