Publié le 13/03/2018
Propos de Chantal Prioul, recueillis par François Leclercq, Comité de rédaction
Formations à la personne ou formations personnalistes ?
Il y a trois ans, LVN a décidé de lancer une formation à l’écoute active. Chantal Prioul, formatrice, a proposé de les assurer.
Ecouter activement, ça s’apprend ? Oui, il semblerait. La littérature du XXe siècle a exploité jusqu’à l’excès le thème de l’incommunicabilité des êtres. Il était normal que des psychologues (en particulier Carl Rogers), en réaction, cherchent les moyens de s’en affranchir.
Pour assurer une réelle communication, il faut développer une écoute active. Avec ses techniques, mais aussi avec sa détermination à vraiment comprendre l’autre.
D’autres thèmes sont proposés : s’affirmer face aux relations toxiques ; regarder autrement les conflits ; passivité et affirmation de soi ; l’estime de soi. On en trouve la présentation et la programmation prévisionnelle sur notre site.
Tous ces stages sont proposés à prix coûtant avec un véritable objectif de réalisation humaine où l’on peut revendiquer une dimension personnaliste : permettre aux personnes de se créer en toute liberté, et de mieux assurer leurs engagements de vie.
Quels sont les objectifs des formations que tu animes ?
C. P. : Mieux se connaître, mieux s’accueillir, mieux connaître l’autre et le comprendre davantage, dans le but d’améliorer sa relation à l’autre et son bien-être personnel.
Et aussi mieux appréhender les situations de la vie, les difficultés que l’on peut rencontrer, avoir une relation d’aide de qualité envers l’autre, une écoute bienveillante dans toutes leurs relations.
Cet objectif, qui peut sembler être un objectif personnel, a aussi une dimension plus large : aller vers un monde plus juste avec plus de compréhension entre les hommes.
Se former, pour se transformer en profondeur, et ainsi participer à la transformation de son entourage, son quartier, sa ville, le monde…
Quelles sont les caractéristiques de ces formations?
C. P. : Ces formations se dispensent dans un cadre précis, et les participant(e)s se sentent en sécurité. Au début des sessions, je précise les règles essentielles : la liberté, le respect de l’autre, l’écoute, la confidentialité des échanges personnels et je fais valider ces valeurs par le groupe ce qui permet des échanges en toute confiance, authentiques.
Les formations sont proposées avec des mises en situation qui sont le volet réalité de ces séquences. Avec des retours, ce qui permet des évolutions visibles rapidement. Ces formations ne sont pas des transmissions de concepts mais des outils reconnus qui sont mis au service d’une démarche humaine. Il est fréquent qu’à la fin de la session des personnes témoignent de comportements qui se sont déjà transformés. Les formateurs accueillent uniquement des personnes volontaires, qui souhaitent évoluer dans leur réflexion humaine
Qu’est-ce qui te différencie en tant que formatrice ?
C. P. : Je suis reliée à une philosophie humaniste, le personnalisme, qui met en avant l’importance et le respect de la personne humaine, la globalité de la personne. Cela permet d’être « en congruence », c’est-à-dire que la façon dont nous transmettons les concepts est en phase avec ce que nous sommes.
Les formateurs sont bénévoles (ils sont seulement remboursés de leurs frais) et ont un investissement éthique et militant uniquement.
Tout comme Jean-Claude Crasnier, j’ai suivi une formation reconnue. Pour moi, il s’agit d’une Certification dans les métiers de l’Accompagnement et trois années d’école de psychothérapeute, avec une démarche analytique, ce qui évite les « projections ». Je me suis formée depuis plus de vingt ans et je poursuis toujours ma formation.
Comme j’ai suivi des formations intégrant des critères de valeurs, je peux accueillir de façon inconditionnelle tous les propos des participants sans jugement ni interprétation – et ce avec empathie, c’est-à-dire en prenant en compte le contenu émotionnel de la personne sans le prendre à ma charge émotionnelle.
Pourquoi, en tant que professionnels, intervenez-vous de façon bénévole pour LVN? Alors que vous pourriez gagner de l’argent dans un autre cadre?
C. P. : Tout d’abord j’ai une démarche axée davantage sur la décroissance que sur la consommation. Gagner davantage d’argent ne s’inscrit donc pas dans mon projet de vie actuel.
Transmettre ces formations est aussi un plaisir plus qu’un travail même s’il y a de la préparation et de la disponibilité.
C’est également très confortable de pouvoir le faire à LVN car je crois beaucoup au personnalisme et aux philosophies humanistes en général.
La formatrice que je suis observe les avancées des uns et des autres par les retours spontanés et il est intéressant de se dire que ce que je transmets est utile pour la vie des personnes et leur bien-être dans le temps.
De plus intervenir pour LVN de façon bénévole permet au Mouvement de proposer des formations à prix coûtant et de donner la possibilité à des personnes à très bas revenus d’y participer pour une somme symbolique, ce qui rejoint les valeurs de partage du Mouvement et les miennes.
Cette question me surprend un peu ! C’est un peu comme si tu posais la question à des personnes participant à la péréquation « Mais pourquoi acceptez-vous de partager avec les autres une partie de vos revenus quand vous pourriez vous payer un beau voyage en famille ? ». La réponse serait certainement la même avec la référence au personnalisme et au partage.
Je me sens, c’est vrai, tout à fait à l’aise dans ce don et je pense que la vie est une suite de dons : certains m’ont donné, je donne à d’autres et ceux-là donneront à leur tour… et c’est ainsi que se construit un monde d’humanité !