L’odyssée de la constitution 2.0 de l’Islande

Publié le 20/10/2016

Nicole Vaucheret, atelier fédéral Politique

L’Islande, petit pays nordique de 332 000 habitants (au recensement de 2015) se vante d’avoir le parlement le plus vieux d’Europe, l’Althing fondé en 930. Dans un site naturel en forme d’amphithéâtre, il regroupait en assemblée générale, chaque année en juin, les hommes libres de toutes les contrées d’Islande (en fait seulement les propriétaires terriens).


Après la crise financière de 2008, casseroles à la main, les Islandais avaient obtenu la démission de leur gouvernement, et porté pour la première fois à la tête du pays en 2009 une majorité de gauche, dont l’une des premières décisions avait été l’organisation d’un débat national sur la Constitution, et la tenue d’élections pour former une Assemblée constituante chargée de rédiger un nouveau texte fondamental.
Un Conseil constitutionnel de 25 « citoyens ordinaires » a ainsi été élu en 2010 (avec 36 % de participation) parmi 523 candidats après une campagne électorale où les partis ne sont pas intervenus. Pendant quatre mois, ce groupe a utilisé les moyens modernes de communication, notamment Facebook et Internet. Tout Islandais pouvait contacter directement les membres de l’Assemblée constituante, ou réagir aux projets d’articles mis en ligne. L’initiative a recueilli 3 600 commentaires, et 370 propositions d’articles (un chiffre qui a déçu).

Puis, un référendum constitutionnel s’est déroulé le 20 octobre 2012. Encore une fois, le taux de participation s’est avéré faible (48,9%), mais les électeurs, qui se sont rendus aux urnes, ont approuvé massivement cette première « Constitution 2.0 » (de 60 à 80 % de réponses positives selon les items). C’est cependant le Parlement islandais qui devait décider l’adoption du texte proposé. En avril 2013, deux partis centre droit étant revenus au pouvoir, le projet de constitution a été remisé dans un tiroir.
Le premier minisitre Sigmundur Davíð Gunnlaugsson devenait le plus jeune ministre islandais, mais récemment, en mars 2016, le scandale des Panama Papers lui a porté le coup de grâce, car il n’a pas fallu longtemps aux Islandais pour redescendre dans la rue avec leurs casseroles ; un an avant la fin de son mandat, il laisse la place à un de ses ministres.

Ayant un représentant au Parlement en 2009, puis trois en 2013, selon les sondages, le Parti Pirate est en tête des sondages : il récolterait aujourd’hui 43 % des voix. Si des élections étaient organisées en ce moment en Islande, aucune coalition majoritaire ne pourrait être formée sans les Pirates. Epuisés par la corruption, les Islandais ne font plus confiance aux politiques classiques et sont séduits par les discours mettant en avant la démocratie directe et la transparence, « des hommes et femmes politiques qui disent la vérité et agissent en accord avec ce qu’ils prônent ».

La « Constitution 2.0 » de l’Islande pourrait ainsi ressortir du tiroir…

Partager cet article :

S'inscrire à la newsletter

Newsletter

Suivez l'actualité de l'Association LVN avec la lettre d'information trimestrielle