Publié le 17/09/2013
Nous sommes en train de prendre conscience que notre « développement » est en train d’atteindre toute une série de limites et que notre civilisation actuelle se trouve face à un tournant inéluctable. Cela ne veut pas dire que c’est la fin du monde mais simplement que nous sommes face à un nouveau défi pour l’humanité. Mais celle-ci a l’habitude et le savoir de le relever. Et essayons d’en profiter pour progresser dans l’humanité de notre civilisation, progresser vers un monde où le bonheur serait possible pour chacun.
Nous savons que les énergies fossiles sont en train de se tarir à un rythme accélérée par la montée de la demande des pays émergents et de leur trois milliards d’habitants. Or notre spectaculaire développement économique depuis deux siècles est basé sur une utilisation massive d’une énergie quasi-gratuite. Le tarissement des énergies fossiles – inéluctable et incontournable – ne signifie pas que l’énergie va disparaître mais cela signifie que son prix va augmenter dans des proportions majeures. D’ici vingt ans ce prix va vraisemblablement doubler ou tripler, voire quintupler. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour prédire que nous réfléchirons à deux ou trois fois avant de faire le plein d’essence ou de régler la température de notre logement. Il n’est pas besoin non plus d’être grand clerc pour savoir que cela va toucher en priorité les classes moins favorisées : que ferons les possesseurs d’une maison à 30 km du centre ville, sans transport collectif possible, batie avec des murs « en carton » et sans pouvoir la revendre parce que plus personne n’en voudra ?
Ce problème est sans doute le plus inéluctable et il est étroitement lié au réchauffement de la planète et aux désordres climatiques. Mais il en est d’autres : la diminution de la biodiversité, le plafonnement des rendements agricoles face à une population croissante. On peut en ajouter bien d’autres et notamment dans le domaine social : la répartition des richesses produites qui allait dans un sens plus égalitaire dans les « trente glorieuses » se fait depuis dans le sens contraire. Les inégalités augmentent avec leur cortège de pauvreté, thème de travail de l’autre atelier fédéral de LVN sur « les plus démunis ». Et aussi : avec le remplacement croissant de l’ Homme par la machine pour tous les travaux peu qualifiés on voit un nombre croissant de personnes non qualifiées qui se retrouvent piégées dans un chomage « structurel » dont iles ne peuvent plus sortir, condamnés à un assistanat indigne.
Et nous pourrions allonger la liste des problèmes qui surgissent devant nous.
Devons nous nous résigner ou devons nous, comme Stéphane Hessel nous y invite dans son dernier petit livre « nous indigner » ? Et surtout que pouvons-nous faire ?
C’est à cette recherche de pistes d’actions possibles, pour les problèmes les plus graves, que l’atelier fédéral veut se consacrer. Si le titre « un autre monde est possible » a été choisi, c’est qu’il est convaincu que la sinistrose impuissante et généralisée n’est pas de mise. Beaucoup d’entre nous, sans remonter à la préhistoire, ont vécu dans un monde où la consommation d’énergie était le tiers de ce qu’elle est actuellement. En étions – nous malheureux ? Or les ressources énergétiques renouvelables (solaires, éolienness, géothermiques, etc …) pourraient à elles seules fournir une telle quantité d’énergie, pourvu qu’une politique déterminée soit mise en œuvre. Et le réchauffement climatique en serait diminué d’autant. Quant à combattre les inégalités, s’il y a une chose qui est entre nos mains politiques, c’est bien celle là… si la volonté politique en existe…
Bref, nous voulons, au travers de cet atelier fédéral, réfléchir et proposer des pistes à promouvoir. Et, suivant les valeurs fondamentales de la Vie Nouvelle, nous voulons « tenir les deux bouts de la corde » : le niveau sociétal ET le niveau personnel sans oublier les fondements spirituels de ces actions possibles.
C’est ainsi que nous lançons des pôles de réflexion et d’action : sur ce que nous pouvons faire de mieux à notre niveau personnel et familial (habitat, transport, chauffage/éclairage alimentation saine, etc..) ; sur ce qu’il est le plus important d’impulser aux niveaux sociétal et politique (réduction des inégalités, aménagement du territoire, politiques de l’énergie, de l’agriculture, de la santé, etc…), sans oublier le Pacte civique qui sera lancé en mai 2011.
Nous n’avons pas l’intention de réfléchir « d’en haut », mais plutôt d’être des « fédérateurs » (comme le nom de l’atelier l’indique) des réflexions et actions des groupes et ateliers locaux. C’est la raison pour laquelle nous faisons appel à tous les groupes, qui travaillent dans ce domaine, à prendre contact avec nous pour nous informer de leurs travaux que nous pourrons ainsi intégrer et répercuter à tout le mouvement, via le site et Citoyens .
Enfin, nous sommes très conscients que beaucoup d’autres réfléchissent et s’attellent à ces questions et nous voulons donc travailler au maximum en partenariat avec les autres organisations qui sont actives dans ces domaines et que nous recenserons, notamment via les partenariats locaux.
« Ré-inventer » le monde… c’est à ce chantier qu’à son modeste niveau l’atelier fédéral « un autre monde est possible » veut participer. Nous accueillerons avec plaisir tout contributeur qui serait intéressé à collaborer ou toute idée que vous voudriez nous faire partager.
Bernard Langevin, animateur de l’atelier
8/11/2010