Publié le 14/06/2012
Guy Brun, Atelier Politique
Selon le rapport sur « La dépense publique et son évolution » publié par Bercy, si les déficits et la dette ont flambé, ce n’est pas du fait d’une envolée des dépenses, mais à cause d’une réduction excessive des recettes. Le manque à gagner annuel dû aux exonérations et baisses d’impôts consenties dans les années 2000 est chiffré par le rapporteur du budget à plus de 100 milliards d’euros. De plus, la crise financière a provoqué une chute brutale des recettes publiques déjà érodées par cette contre-révolution fiscale.
Cette dette est celle de la finance et du néolibéralisme. Il apparaît donc que les cadeaux fiscaux, accordés par les gouvernements au cours des années 2000 d’une part, et la crise financière de 2008 d’autre part, sont les principales causes de l’augmentation de la dette.
Il existe toutefois un autre poste qui peut aggraver le déficit budgétaire, ce sont les intérêts de la dette qui sont fixés par les banques et qui peuvent varier selon les pays en fonction de l’appréciation sur leur santé, fortement dépendante des agences de notation. On l’a constaté dans le cas de la Grèce qui a vu ses taux d’intérêt dépasser 15 %. Ce poste pourrait être supprimé si la Banque Centrale Européenne (BCE) pouvait prêter directement aux Etats à des taux faibles voire nuls.
La financiarisation de l’économie
Pour la plupart des partis politiques la financiarisation de l’économie, c’est-à-dire le rôle prépondérant donné aux marchés financiers par rapport aux marchés des biens et des services, doit être réformée. Or contrairement aux banques centrales de la plupart des pays tels les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, le traité de Lisbonne n’autorise pas la BCE à prêter directement aux Etats, mais seulement aux banques à des taux faibles, et les Etats sont contraints d’emprunter aux banques à des taux pouvant être très élevés. Les banques sont chargées d’accorder des crédits non seulement aux entreprises et aux particuliers, mais encore aux Etats. L’essentiel de la gestion du crédit et de la création monétaire est donc confié au secteur privé.
L’opinion publique, constatant que les marchés financiers sont fortement dépendants de la politique des banques, est de plus en plus convaincue que le pouvoir politique n’a plus la capacité de les contrôler, et par conséquent les partis affichent des positions qui vont de l’extrême droite, avec la sortie de la France de la zone euro, à la gauche, avec la création d’un pôle financier public agissant contre les délocalisations et la spéculation.
Comment les pays, qui perdent la capacité de se défendre face à la financiarisation de l’économie, peuvent-ils regagner des marges de manœuvre au sein de l’Europe? Quelle réforme démocratique cela exige-t-il au niveau européen ?
Les propositions des partis
Dans l’ensemble les partis de gauche sont partisans d’un changement profond du rôle de la BCE, ils remettent en cause son indépendance, plusieurs souhaitent la création d’un gouvernement économique qui devrait orienter la politique monétaire. Les Verts et le Front de gauche sont pour l’abrogation du Pacte européen de stabilité et de croissance et pour son remplacement par un Pacte écologique et solidaire qui engagera l’ensemble de l’Union Européenne dans le sens de la conversion écologique de notre économie et de la transformation sociale. Sans être aussi claire, la position du PS qui prône une inflexion écologique et sociale de la politique européenne, devrait cependant être négociable avec celles des deux autres partis.
Presque tous les partis, sauf le FN, sont d’accord pour donner une primauté aux règles internationales sur l’environnement sous l’égide de l’ONU, et appuient la création d’une organisation mondiale de l’environnement. De plus, afin de promouvoir l’idée du « juste-échange », le PS veut proposer à l’Organisation Mondiale du Commerce, que soient inscrites dans les règles du commerce international les normes fondamentales définies par huit conventions de l’Organisation Internationale du Travail, parmi lesquelles les normes de lutte contre le réchauffement climatique. Il souhaite que l’ONU soit reconnue comme l’enceinte suprême couronnant l’ensemble des organisations internationales.
En matière d’Aide publique au développement (APD) les thèmes de gauche sont : l’objectif pour notre pays d’accorder une aide s’élevant au moins à 0,7 % de notre produit intérieur brut (PIB), l’annulation de la dette des pays pauvres, la défense de la souveraineté alimentaire. Les thèmes de droite concernent une politique de co-développement conditionnée par un retour des immigrés.
Il est souhaitable que la construction européenne aide les gouvernements à reprendre le pouvoir sur l’économie et la finance, en consolidant nos valeurs sociales et démocratiques pour favoriser un développement éco-compatible, partagé avec le Sud, et pour s’ouvrir au monde.