Du berceau… au berceau

Publié le 14/06/2012

Par François Leclercq, Comité de rédaction

Voir loin, c’est voir au-delà de la poubelle, plus loin que la décharge. Les produits de notre société sont conçus pour être consommés et sont programmés pour s’user vite.


Aux Etats-Unis, on entoure de vénération une ampoule qui fonctionne sans interruption depuis plus de cent ans ! C’est que les premières lampes étaient conçues pour être solides.

Puis les industriels, toujours plein de ressources, se sont constitués en trust pour mettre en place un système très avantageux où la durée de vie du filament ne pouvait dépasser 1 000 heures d’utilisation. Ce trust, cent fois dénoncé, toujours nié en dépit des preuves les plus concrètes, a fonctionné avec la plus grande efficacité chez les fabricants de lampes à partir des années 1902.

Vous achetez une lampe, elle s’use vite, vous la jetez et vous en rachetez une autre.
Seulement aujourd’hui les poubelles sont pleines. Le système de production n’intègre pas le coût de la prise en charge des déchets. Ça revient à la collectivité, d’une façon anonyme, opaque, complexe. Sait-on où vont nos carcasses de voiture, nos vieux ordinateurs (ceux qui ont dix ans), nos vieilles machines à laver ?

On a bien trouvé une solution, simple encore que peu élégante : envoyer tous nos déchets dans les pays en voie de développement.
Mais est-ce juste, équitable, durable ?
Alors des ingénieurs ont imaginé un concept tout à fait inverse : fabriquer un produit qui ne se jette jamais ! Quand il est usé, vous le rendez au fabricant, il en reprend la matière première et il vous en refait un neuf. Plus moderne, si vous voulez.

C’est-à-dire que votre produit part du berceau pour aller en fin de vie… au berceau. En anglais : cradle to cradle. C2C.
Les deux hommes, l’ingénieur allemand Michael Braungart et l’architecte américain William McDonough, ont même créé en 2002, un label international qui certifie les produits respectant les règles.
A ce jour, une cinquantaine d’industriels pour environ trois cents produits ont obtenu cette certification.

Jusqu’à présent, un produit n’est pas pensé pour être recyclé. Avec le concept C2C, les déchets, quand il y en a, ne doivent contenir aucune substance toxique. Ainsi chez le fabricant de textiles suisse Rhoner, les chutes de tissu alimentent les plantes en se décomposant sur les semis.
Le concept s’implante tout doucement en France où une poignée seulement d’industriels songent à l’adopter  : Steelcase avec son mobilier de bureau ou DIM et ses collants conçus dans des textiles biodégradables qui pourraient ensuite servir de compost agricole.

Ford et Nike ont fait appel à McDonough et Braungart pour développer des usines cradeulisées. Et la Chine met en chantier six villes qui suivent les préceptes C2C.
Décidément, l’avenir a peut-être une chance !

Partager cet article :

S'inscrire à la newsletter

Newsletter

Suivez l'actualité de l'Association LVN avec la lettre d'information trimestrielle