Les monnaies complémentaires et locales

Publié le 27/03/2012

Par Françoise Péchenart, Groupe de la Vallée de la Bièvre, comité de rédaction

Derrière ce sigle MCL (Monnaies Complémentaires et Locales) fleurissent des sol Violettes (Toulouse), volettent des Abeilles (Villeneuve-sur-Lot, la précurseure), les Lucioles d’Aubenas-en-Ardèche, bref, s’échangent et circulent des monnaies SOL.
Depuis 15 ans déjà, Patrick Viveret, suite à son rapport Reconsidérer la Richesse, a inauguré les recherches sur les monnaies alternatives. Philippe Derudder, depuis longtemps aussi, a établi les bases de fonctionnement de ces circuits parallèles[[1 – Une monnaie nationale complémentaire, Philippe Derudder et André-Jacques Holbecq, éd.Yves Michel 2011.]].


Une monnaie complémentaire est une monnaie locale ; elle a de la valeur mais ne circule que localement (dans une ville – Toulouse, par exemple – ou une bourgade, bien que des régions plus vastes cherchent à instaurer ce mode d’échanges.

La monnaie sol a une parité fixe avec l’euro (par exemple un sol-violette = 1 euro).

Le sens de la monnaie

Plusieurs idées fortes structurent le fonctionnement de ces échanges monétaires d’un autre type :
– le citoyen peut se réapproprier le sens des échanges marchands qu’il effectue ; les adhérents et les partenaires, comme les organismes bancaires ou municipaux qui les structurent, redéfinissent les valeurs auxquelles ils adhèrent.
– Les monnaies complémentaires veulent recréer une économie locale, solidaire et respectueuse de l’environnement. Les monnaies s’acquièrent dans une banque comme le Crédit Coopératif (ou le Crédit Municipal à Toulouse) et sont dépensées dans des structures dites « partenaires » (qui les acceptent par contrat), que ce soient des commerces type Biocoop, librairies, alimentation, transports… Ainsi elles se réinvestissent dans le commerce local de proximité et limitent les achats de biens ou de services ayant voyagé sur des milliers ou des centaines de kilomètres.
– Elles militent pour redonner de la valeur et du sens à nos transactions : c’est pourquoi elles ne peuvent pas être thésaurisées afin de ne pas recréer de spéculation. On dit que c’est une monnaie fondante, c’est-à-dire qu’elle perd de sa valeur lorsqu’elle ne circule plus. On ne peut pas la stocker pour en priver les autres. Certaines instances (municipales ou locales) souhaiteraient même payer des services aux chômeurs en monnaie locale pour leur permettre d’entrer dans le circuit d’échanges humains et de biens.

De nombreuses expériences

Depuis déjà plus de 10 ans ces expériences importantes ont été étudiées en Argentine pendant la grande crise des années 2000 ; elles existent au Brésil (les Palmas de Fortaleza), en Allemagne, en Angleterre, aux USA, en Nouvelle-Zélande… La carte répertorie plus de 5 000 monnaies complémentaires !

Notre crise européenne (grecque, espagnole, portugaise, irlandaise, italienne… française ?) serait-elle une opportunité, voire une urgence pour nous pencher vers le potentiel citoyen de ces monnaies ?
On reproche souvent à ces monnaies d’être un joujou pour les « bobos » qui vont acheter leurs produits bio ou alimenter les marchés locaux. Mais leurs utilisateurs revendiquent, à juste titre, le statut de moteur de changement économique.

Comme Patrick Viveret le faisait remarquer lors d’une réunion de lancement de la monnaie complémentaire de Nanterre (en région parisienne si proche de ce temple de la haute finance qu’est la Défense !), 97 % des transactions se font sur les marchés financiers en dehors de l’économie réelle ! Seuls 3 % des échanges alimentent les marchés commerciaux. Donc, les monnaies complémentaires sont un moyen efficace pour transférer des transactions vers l’économie réelle et se dégager des contraintes du crédit.

D’autre part, ces monnaies peuvent s’investir localement vers des citoyens en situation d’exclusion au crédit financier sous forme de micro-crédit, s’investir dans le financement d’entreprises respectueuses de l’humain et de la nature. C’est une sorte de label « éthique » apposé à la monnaie et à ses usages.

Enfin, comme ces monnaies complémentaires sont gérées par un Comité d’Agrément Local (CAL) composé de toutes les parties prenantes du circuit économique (acheteurs, vendeurs, financiers, élus et fondateurs) et que les décisions se font au consensus, elles conduisent vers la réappropriation citoyenne de la monnaie.

Vos témoignages

Les textes, articles, vidéos sont nombreux sur le sujet sur Internet (voir page suivante).
Mais il serait intéressant pour l’ensemble des vienouvelliens d’avoir le point de vue d’utilisateurs d’une de ces monnaies pour un témoignage plus concret, ou celui d’un détracteur de cette démarche afin de moduler l’enthousiasme des fondateurs.
L’invitation est lancée. Lecteurs-usagers de monnaies alternatives, à vos plumes ! 

Partager cet article :

S'inscrire à la newsletter

Newsletter

Suivez l'actualité de l'Association LVN avec la lettre d'information trimestrielle