L’Europe aura-t-elle l’audace d’une nouvelle politique agricole et alimentaire ?

Publié le 18/05/2009

Atelier alimentation et PAC, François Papy

Par Thérèse Verkest, Groupe d’Orléans

Une vingtaine de participants venant de diverses régions de France : certains se disant ignorants de la « chose », d’autres plus affûtés comme les deux hommes de la terre Jean-Paul et Xavier, l’expert François et Joseph l’animateur. Trois lettres P.A.C. qui paraissent incongrues d’être ensemble. A-t-on l’habitude de voir la Politique s’intéresser aux agriculteurs et de surplus pour une politique commune ? En ajoutant au ‘A’ de Agriculture le ‘A’ de Alimentaire, on mesure effectivement les termes de l’urgence : engager des démarches de sécurité alimentaire ou produire des denrées alimentaires et des agro-carburants destinés au marché international?


Il y a urgence ! C’est ce que nous rappellent crûment ces quelques faits :

6 milliards d’hommes sur la planète, 3 milliards sont actifs et 1,5 milliards vivent de l’agriculture. 1 milliard de ces agriculteurs travaillent à la main ou sans mécanisation et 950 millions d’êtres humains souffrent de la faim. Comment peut-on souffrir de la faim quand on est soi-même producteur et que la première fonction de l’agriculture est bien de produire pour nourrir les populations ? Depuis les années 1990, la spéculation sur les productions agricoles incite les pays pauvres à exporter pour diminuer leur dette. La dérégulation des marchés fait qu’il revient parfois moins cher à un Africain d’acheter un poulet d’exportation que de le produire. Un comble! Mais que se passe-t-il quand les prix flambent ?

En prenant la Politique Agricole Commune (PAC) comme fil rouge et comme exemple de la solidarité européenne, nous avons essayé de comprendre l’impact des politiques agricoles successives sur la recherche de souveraineté alimentaire et l’amélioration du revenu des agriculteurs, faisant de l’agriculture un secteur économique à part entière. Dans les premiers temps du Marché commun, un certain équilibre avait été trouvé entre production et consommation.

Les témoignages de Jean-Paul et Xavier ont illustré ces défis posés à l’agriculture : Jean-Paul vit du maraîchage et fixe lui-même les prix de sa production proposée sur les marchés locaux à ses fidèles clients ; Xavier produit des céréales et sa récolte est soumise aux lois des marchés internationaux, près de la moitié de ses revenus provient des primes compensatoires (versées par le biais de la PAC)… En effet, l’intensification de l’agriculture, en produisant des excédents, a nécessité de recourir au marché mondial pour écouler les surplus et obligé la PAC à se transformer radicalement : en passant progressivement aux règles du marché mondial, il était devenu nécessaire de compenser les pertes de revenus des agriculteurs par des primes compensatoires. En même temps, le marché des matières premières agricoles devenait l’objet de spéculation en entraînant une dérégulation des échanges et en conduisant de plus à une concurrence déloyale vis-à-vis des pays pauvres.

Nous avons échangé également sur notre rôle de consommateurs. A notre échelle, nous pouvons agir :
– en favorisant la production locale (réduire les intermédiaires, les coûts de transport, soutenir l’activité économique locale : AMAP, marchés locaux…),
– en réduisant notre empreinte écologique, en modifiant notre régime alimentaire : moins de protéines animales coûteuses à produire, en évitant le gaspillage…

Enfin, nos interrogations ont porté sur la responsabilité de l’Europe face à la crise alimentaire mondiale : en favorisant le libéralisme économique, n’a-t-elle pas laissé les multinationales prendre le pouvoir ? N’a-t-elle pas accéléré les disparités ?

Toutefois, la politique européenne a montré son efficacité en permettant la souveraineté alimentaire dans ses Etats membres. Cette expérience devrait permettre de promouvoir des PAAC (Politique Agricole Alimentaire Commune) au niveau des régions mondiales pour atteindre la souveraineté alimentaire de chacune et une régulation des échanges alimentaires mondiaux.

Aujourd’hui, il est nécessaire d’engager l’Europe dans la voie de l’innovation face aux nouveaux défis économiques et écologiques. Pour cela, il nous a paru indispensable qu’elle se libère des règles souvent injustes de l’OMC, qu’elle mette en place une nouvelle PAC capable de répondre à la mondialisation. Cela fera-t-il partie des débats à venir particulièrement au moment de la campagne électorale pour l’élection du Parlement européen ? Soyons attentifs à cet arguement, osons poser la question à nos candidats !

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