Halhul, notre jumelle

Publié le 30/09/2011

Par Dominique Henry, groupe de Bretagne Sud

Halhul (22 000 habitants), un petit point sur la carte près d’une ville à la réputation difficile : Hébron, au sud-est de la Cisjordanie.
Quand notre petite ville de Bretagne, Hennebont (15 000 habitants) s’est adressée à Cités Unies il y a six ans, c’est cette ville palestinienne qui nous fut proposée et depuis le 31 décembre 2009 un jumelage s’est officialisé entre nos deux communes.


De chaque côté, le chemin est long pour s’apprivoiser : « ça veut dire créer des liens… » mais peu à peu l’idée se fait. Nous sommes allés là-bas en différentes saisons, l’accueil fut toujours chaleureux et quand il fallut officialiser le jumelage, la salle du conseil était pleine : un membre du gouvernement, des représentants du monde associatif, la population et la télévision bien sûr. Ici nous maintenons la présence du jumelage par diverses manifestations mais il faut reconnaître que nous touchons surtout des militants.

En fait, comparé aux moyens de certaines ONG qui ont construit une salle de sport (qui manque d’animateur et de matériel…), rénové un espace culturel actif ou relooké la mairie, nous avons peu de moyens.

L’aménagement d’un jardin adapté aux petits enfants nous mobilise en partenariat avec la mairie d’Halhul ce qui ne fut pas évident au début : la ville était plutôt habituée aux « dons ». Mais, à chaque voyage, nous rencontrons quelques nouveaux habitants : les échanges s’intensifient et nous passons plus de temps ensemble. Bien sûr, il y a toujours l’idée de se revoir en France mais les obstacles sont nombreux : le coût qui ne peut être une priorité au vu des difficultés à vivre, les complications car il faudra passer par la Jordanie (environ 24 h de voyage) et de plus, on ne laisse pas facilement les femmes partir seules…

C’est l’occasion de parler de nos quotidiens : ces tracasseries de tous les jours qui nous paraissent incompréhensibles, abusives, contradictoires et, plus encore, les contrôles intempestifs, humiliants auxquels nous avons assisté au passage des checks points… Nous en parler, dire l’impuissance face à « Ceux qui s’arrogent le Pouvoir ». Je ne me souviens pas d’avoir ressenti de la haine dans ces propos, mais de la colère oui.

Ces moments de confiance sont importants pour moi : on peut parler de l’intime. Là encore, il faut bien écouter, ne pas se précipiter sur les mots : nos vies, nos habitudes sont si différentes, il nous faut bien nous comprendre.

La plus grande difficulté, c’est la langue : 4 à 5 personnes parlent français, l’anglais permet de toucher plus de monde mais si je veux échanger avec les femmes de l’association qui les regroupe, il faut un interprète sans lequel les discussions sont réduites.

Maintenant, quand je reviens les voir, nous nous reconnaissons et je sais qu’elles sont contentes ; je voudrais passer plus de temps et faire plus de choses avec elles : cuisiner, broder, papoter et devenir plus complice.
Je regrette la rapidité avec laquelle les séjours se passent, chaque déplacement demande du temps, tout est imprévisible, loger chez l’habitant n’est pas encore la solution envisagée… là aussi il faut rester prudent et ne pas créer de jalousies.

Mais de tout cela il faut retenir l’essentiel : le grand plaisir que j’ai à retourner là-bas. Lors de notre dernier passage, en février, certains m’ont dit : « ce qui est important pour nous, c’est que vous reveniez parce que des gens sympa qui faisaient des choses pour la ville, il y en a eu mais après… On ne les revoit plus ! ». 

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