Une coopérative qui intègre toute la filière porcine

Publié le 29/09/2011

Par Joseph Serin, groupe de Rodez

Nos amis de La Vie Nouvelle de Saint-Brieuc ont programmé la visite de cette coopérative agricole spécialisée filière porcine. C’est un symbole fort de l’agro-alimentaire en Bretagne, une coopérative qui a eu pour stratégie de construire par étapes l’intégration de la filière porcine dans toutes ses composantes. Nous voilà donc rendus au cœur d’une organisation et au sein d’un outil industriel, les deux considérés, par de nombreux acteurs économiques et responsables professionnels, comme indispensables pour peser dans l’offre à la grande distribution et dans le commerce international.


Depuis sa création en 1966 par 24 éleveurs porcins de Lamballe, la Cooperl n’a cessé d’intégrer, en rachetant des entreprises ou en fusionnant, toutes les composantes d’une filière. Actuellement ce groupe coopératif intègre toute la filière : la sélection génétique, la nutrition animale, la vente d’équipements d’élevage, l’abattage, la découpe et la salaison. Récemment il vient d’acquérir une chaîne de distribution de 83 boucheries en ville.

L’organisation de la filière porc à la Cooperl Arc Atlantique

Avec 2 000 éleveurs adhérents répartis dans trois régions de l’Ouest et 4 500 salariés, le groupe dispose de sites industriels pour abattre, transformer et commercialiser la production de plus de 5 millions de porcs charcutiers par an (soit le quart de la production française et 5 % de la production européenne). Ce groupe coopératif est la première entreprise française dans ce secteur. Il se situe au quatrième rang au niveau européen, mais très loin derrière des groupes danois, hollandais ou allemands.

Au-delà de la fourniture de géniteurs et d’aliments, la coopérative assure un service conseil complet aux éleveurs concernant l’alimentation, la santé animale, les bâtiments, les conditions d’élevage ainsi que le traitement du lisier.

La taille moyenne des élevages naisseurs-engraisseurs approche les 200 truies et une production de 4 000 porcs charcutiers annuels. En raison d’un certain marasme économique concernant la production porcine on constate, depuis quelques dernières années, une diminution du nombre d’élevages et une augmentation de la taille de ces élevages hors-sol, ce qui paraît être une tendance lourde dans les années à venir.
La coopérative souligne l’importance de la prise en compte des problèmes environnementaux tant au niveau des élevages (nouvelle génération de bâtiments pour diminuer les épandages de lisier) qu’au niveau des installations industrielles : fabrication d’engrais organiques, production d’énergie avec des sous-produits, recyclage de l’eau (l’énorme quantité d’eau consommée est réutilisée à 60 %).

Visite de l’abattoir de Lamballe

Nous voici équipés (charlotte, blouse et chaussons) pour pénétrer dans le plus grand abattoir porcin français.

Le site de Lamballe comprend toutes les phases de fabrication, depuis la carcasse jusqu’au produit fini conditionné et prêt à être distribué, sous leurs propres marques commerciales, dans les grandes surfaces.
Deux jeunes femmes du service qualité nous guident avec beaucoup de doigté et d’attention. C’est une première pour beaucoup d’entre nous et nous avons besoin d’être un peu maternés. Mission accomplie pour nos deux guides, personne n’a écourté la visite !

Celle-ci démarre par les produits finis, les chambres froides de stockage et se termine par le plus impressionnant : les chaînes d’abattage et de première découpe. Chacun de nous garde en mémoire des images fortes : automaticité des gestes des personnes à la chaîne, automaticité des machines, les quantités impressionnantes de carcasses et de pièces pendues qui se déplacent dans les longs bâtiments.

Des questions…

Nous avons là l’illustration du système actuel dominant en Bretagne comprenant des agriculteurs de très bon niveau technique et maîtrisant une forme d’agriculture technologique et de précision, intégrés dans des organisations verticales disposant d’outils industriels très performants. Ce système est à même de mettre sur le marché de grosses quantités de produits standardisés, de bonnes qualités nutritionnelle et sanitaire et d’un prix abordable (soulignons que la part de l’alimentaire dans le budget des ménages ne cesse de diminuer et que 70 % des achats alimentaires se font dans les grandes et moyennes surfaces).

Ce système a des effets néfastes sur l’environnement, et sur le bien-être animal ? On nous assure qu’avec les normes mises en place au cours de cette dernière décennie (normes plus sévères que dans d’autres pays européens, souligne-t-on) alliées à des solutions technologiques, les problèmes se résoudront.

Cette production de masse standardisée, si performante soit-elle, ne présente-t-elle pas une certaine fragilité ? Le système n’est-il pas condamné à aller vers toujours plus de concentration au niveau des élevages, des organisations et des outils industriels ?

Quelles sont les capacités de résilience d’un tel système ? Quelles sont ses capacités de renouvellement, d’initiatives, de diversification, de production à plus forte valeur ajoutée, de productions plus liées au territoire ?

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