Des mutations dans les systèmes d’exploitation

Publié le 29/09/2011

Par Jean-Pierre Henry, groupe de Bretagne sud

Après le robot de traite et la recherche du « toujours plus » de rendement, performance, taille, on revient à une dimension plus humaine.


Le GAEC (Groupement agricole d’exploitation en commun) se compose de 3 associés et compte 75 ha en location, un troupeau de 45 vaches qui donne 370 000 litres par an, une production de poulets-label et du cidre. « Le robot, nous dit Joseph, n’est pas compatible avec le système herbager, nos parcelles sont trop éloignées des bâtiments. Il engendre un travail radicalement différent et entraîne une perte de contact avec l’animal ».
Le couple s’est installé avec le père de Joseph. Celui-ci avait suivi la montée du système intensif : « On a appuyé sur le bouton et comme ça marchait, on a continué ! » Les deux porcheries… généraient trop de déjections. Et c’est la prise de conscience : le littoral tout proche se couvre d’algues vertes, le développement agricole menace les amis mytiliculteurs[[1 – Les producteurs de moules.]]. Il faut absolument changer !

Le maïs-fourrage a envahi les campagnes dans les années 60, utilisé en ensilage ou en grain pour l’alimentation animale. C’est une solution facile, qui permet d’augmenter la taille des élevages mais nécessite beaucoup d’eau, d’engrais et de pesticides.

Chez Suzanne et Joseph Cabaret, on redécouvre l’intérêt des prairies avec des rotations, des associations graminées-légumineuses, une plus grande autonomie de l’exploitation avec moins d’apports extérieurs. Comme les coûts de production sont abaissés (grâce à moins de traitements et moins de concentrés) on obtient une meilleure rentabilité. Et aussi une autre qualité de vie. Si la quantité produite est inférieure, la qualité est au rendez-vous (par exemple la fameuse « tartinabilité » exceptionnelle de leur beurre).

Nous avons eu plaisir à cheminer dans les parcelles et à fouler l’herbe dont la culture recèle désormais moins de secrets, même pour ceux qui pensaient que ça poussait tout seul !

De plus, la création d’un bassin de décantation des eaux usées permet aussi de réduire la pollution.

Le couple a adopté le « système herbager à économie d’intrants » prôné par le CEDAPA[[2 – CEDAPA, on peut consulter le très riche site : www.cedepa.com, qui signale les visites, formations, publications, etc.]], (Centre d’Etude pour le Développement Agricole plus Autonome). « Nous sommes en  » agriculture raisonnée « , nous agissons pour le développement durable en tenant davantage compte de la plante, de l’animal, de l’homme. Ce n’est pas moins de travail mais on vit mieux, en meilleure harmonie avec la nature. »

Alors, pourquoi ne pas passer au « bio » ? Les amis qui ont fait ce choix ne peuvent pas du tout traiter. Ainsi ils ne peuvent pas mettre en place certaines cultures comme la betterave (le désherbage mécanique se révèle insuffisant). Certaines années, un traitement léger est préférable à la perte de toute une récolte. Il faut un peu de sécurité.
Ici l’espoir est revenu dans le pré ! 

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