Publié le 09/06/2011
Témoignage d’Hélène C. transmis à la rédaction
Je travaille dans le domaine de la médecine sociale. J’ai deux emplois à temps partiel, dont l’un est plus important que l’autre.
L’an dernier, j’ai été licenciée économique de mon emploi le moins important et n’ai pu bénéficier de la CRP[[1 – CRP, Convention de Reclassement Personnalisé, dispositif créé en 2005, qui permet de bénéficier d’une indemnité de chômage immédiatement.]] (convention de reclassement professionnel) car cet emploi représente moins de 30% de l’ensemble de ce que je gagnais. Mais l’employeur, sûr que je bénéficierais de CRP, m’a poussée à renoncer au préavis, et ensuite n’a pas eu la décence de rectifier son erreur et de m’en accorder un.
C’est donc un licenciement économique ordinaire : j’ai vu plusieurs conseillers de pôle emploi. Pour l’un, j’avais droit à une indemnisation, pour l’autre non ! car je conserve un emploi de plus de 70 %. Néanmoins, ils ont accepté de monter un dossier, seulement il leur fallait un papier de « rejet CRAMCO ». La CRAMCO[[2 – La CRAMCO est une caisse de retraite et de prévoyance.]] a tenu à monter tout mon dossier retraite (alors que je ne la demande pas et que de toute façon je n’y ai pas droit : pour moi, ce sera 65 ans). La CRAMCO m’a précisé que je ne devais ni téléphoner ni écrire ni venir tant qu’ils ne m’envoyaient pas ce papier.
Sur ce, Pôle-Emploi m’avertit qu’ils vont « classer sans suite » mon dossier si sous quinze jours, je ne leur fournis pas ce papier.
Comme la CRAMCO prend son temps, je me décide à renvoyer mon dossier d’indemnité de chômage incomplet, ce qu’on m’avait bien dit de ne pas faire (mais il y avait la menace, vous serez radiée, etc.)
Quelques jours plus tard la CRAMCO m’envoie enfin le fameux papier. Je le porte à Pôle-Emploi où je me fais réprimander : « Vous n’auriez jamais dû envoyer un dossier incomplet ».
Je leur réponds qu’on m’avait menacée de « radiation ». « Mais non, ça n’aurait pas été une radiation, mais un classement sans suite ! »
Moi je suis néophyte, je ne connais pas les subtilités de ce langage.
D’ailleurs l’agent ne trouve pas mon dossier alors que je l’ai envoyé au moins huit jours plus tôt. Sans doute est-il à l’enregistrement à l’autre bout de la ville. La conseillère accepte mon papier, mais peine perdue ! Quelques jours plus tard, je reçois mon dossier Pôle-Emploi « retourné car incomplet ».
Je refais donc une photocopie et le réexpédie, j’attends la suite. Avec espoir !
Par ailleurs on m’avait fixé un rendez-vous pour faire le point de ma recherche d’emploi alors que je ne suis pas vraiment inscrite et que je devais être dispensée de recherche car j’ai plus de 60 ans. Ce rendez-vous tombait pendant que j’étais en cure, on me « sucre » donc 21 jours sur les 35 auxquels j’ai droit sur l’année !
« Faites-vous faire un arrêt de travail ! » me dit-on. Mais je dois prendre sur les congés de mon autre travail ! On m’en redonne un autre : Il « tombe » un jour où je travaille ! Je téléphone : « Non, on ne peut pas les donner par téléphone, il faut se déplacer. »
En attendant je ne sais toujours pas si j’aurai droit à une quelconque indemnisation !
Au delà de ces tracas, de cet énervement, même du fait de savoir si j’ai droit à quelque chose, c’est un sentiment d’humiliation que je ressens.
J’arrive là après toute une vie de travail où j’ai donné mon temps et mon énergie pour les autres, je suis « jetée » de mon travail comme une malpropre, d’un travail que j’ai initié avec une équipe extraordinaire et qu’on nous a « volé », alors que nous avons formé ceux qui prennent notre place, parce que l’État ne tient pas ses engagements et qu’on « coûte » trop cher (je suis en colère). Nous avions constitué une association pour créer un service d’aide aux adolescents.
Donc mon irritation par rapport à Pôle-Emploi est amplifiée par cette situation révoltante. Je me sens profondément humiliée face à toutes ces tracasseries administratives comme si je demandais l’aumône, comme si j’étais coupable d’être au chômage, alors que je suis simplement blessée.
Voilà, j’avais besoin sans doute de dire tout ça et même si je n’ai droit à rien je vais jusqu’au bout, une sorte de « réparation » sans doute de toutes ces offenses.