Publié le 09/06/2011
Par Odile Boutemy, Groupe de Toulouse
Parce que le parti Europe Ecologie-Les Verts, auquel j’adhère, souhaitait présenter des candidats dans tous les cantons, parce qu’il souhaitait qu’il y ait autant de femmes titulaires que d’hommes, parce qu’il y avait trop peu d’adhérents qui voulaient bien « y aller » sur ce territoire, j’ai accepté de me présenter sur le canton d’Aurignac (Haute-Garonne). Ce chef-lieu de canton, bien que célèbre dans le monde entier pour ses vestiges préhistoriques, est à peu près inconnu des habitants du département parce que perdu au milieu de ses bois, vergers et prés dans le pays de Comminges.
J’habite certes la campagne, mais celle du Lauragais, terre de céréales où l’agriculture productiviste donne à ses exploitants des ressources confortables. Rien à voir avec la polyculture du Comminges, avec ses exploitations à l’ancienne et ses troupeaux de vaches.
Me voici donc candidate « parachutée » sur un canton où je ne connaissais personne et dont je ne savais rien. Au terme de deux mois de campagne électorale, sans en connaître encore l’impact, je trouve cette aventure très enrichissante. Qu’y ai-je donc appris ?
• Que les acteurs économiques de ces territoires ruraux, agriculteurs, commerçants, ont de réelles inquiétudes sur leur avenir et qu’ils ont grand besoin d’en parler. Qu’ils croient encore suffisamment dans le pouvoir des politiques pour prendre au sérieux une candidature, même parachutée, même n’appartenant pas au courant politique majoritaire du département et pour avoir envie de lui parler de leurs préoccupations.
• Que ces petits cantons, constitués de petits villages n’ayant guère les moyens de prendre leur destin en main, sont fortement sous la coupe de la direction du département et qu’un conseiller général y est surtout missionné pour ramener les subventions nécessaires à la réhabilitation de bâtiments communaux et à la vie associative. Le candidat sortant fait campagne sur le montant des aides qui ont été attribuées à chacun des 19 villages du canton. La responsabilité du conseiller dans les enjeux économiques débordant forcément au-delà du seul canton devrait pouvoir s’exercer avec d’autres élus sur un territoire plus large, un « pays » par exemple, mais un Conseil général comme celui de la Haute-Garonne ne souhaite pas encourager ce qui pourrait constituer un lieu de pouvoir hors de son contrôle.
• Que ce qui est appelé « l’élu de proximité » signifie si souvent « celui qu’on va rencontrer pour lui demander une aide individuelle » qu’on en oublie sa fonction de décideur et gestionnaire de l’aménagement de l’ensemble d’un département. Alors que je distribuais des tracts, plusieurs personnes m’ont déclaré : « le conseiller général ? Il n’a rien fait pour moi ! » alors qu’il a co-décidé de la réparation du réseau routier, de l’entretien du collège…
• Que la réforme des institutions, très nécessaire de mon point de vue (mais pas du tout celle qu’a votée le parlement), inquiète fortement les populations rurales qui ont peur de n’avoir plus assez de représentants pour défendre leurs intérêts et d’être mis sous la coupe du pouvoir des grandes agglomérations. La plupart des partis encouragent le conservatisme plutôt qu’un débat largement ouvert pour aller vers un meilleur fonctionnement des institutions locales.
La bonne santé de la planète devient une préoccupation largement partagée mais l’écologie politique et son ambition à traiter de tous les aspects de la vie collective sont encore mal connues. Les faire connaître justifiait tout à fait ma candidature.