Publié le 09/02/2011
Par Marc Henry-Baudot, Atelier fédéral Spiritualité
Le Pacte civique a maintenant trouvé sa place dans les orientations prioritaires de La Vie Nouvelle et est devenu au dernier Congrès une « ambition collective » du Mouvement. Ces deux mots portent en eux un grand dynamisme : réaliser ensemble un projet qui nous dépasse individuellement et mobiliser au plan national puis international autour des trois valeurs de créativité, sobriété et justice !
Ce projet n’est pas le fruit d’un hasard mais d’une prise de conscience progressive qu’il nous fallait trouver un lien, « un esprit commun » entre les intuitions et les désirs d’action collective nés au sein de nos associations, et la nécessité de montrer un visage public, de faire entendre une parole forte par des textes, des manifestations publiques et des partenariats opérationnels.
Une ambition collective
C’est ce qui a commencé à La Vie Nouvelle en 2006 avec le colloque « La politique au risque de la spiritualité » avec nos deux partenaires, Poursuivre et Démocratie et Spiritualité, autour de l’intuition qu’il fallait tenir à une vision globale de la personne dans ses valeurs spirituelles, philosophiques et politiques, malgré les difficultés d’une telle démarche.
De là est issu le projet de Pacte civique, nourri depuis quatre années de rencontres, de débats et de recherche patiente avec aujourd’hui 15 nouveaux partenaires.
Comment, aujourd’hui, mettre en œuvre concrètement cette ambition à partir des structures de La Vie Nouvelle et de ses valeurs résumées dans le thème de nos trois prochaines années, Agir pour une société solidaire et fraternelle.
Une originalité
Il faut souligner, à l’heure des discours politiciens démagogiques qui préfigurent la campagne électorale, l’originalité du Pacte civique parmi toutes les propositions du moment : il vise à transformer la société, à inventer un nouveau futur, en commençant par nos propres changements personnels !
Défi impressionnant et exigeant et point de départ, à notre point de vue, d’un changement de la société, exigence de cohérence entre le dire et le faire !
Pari un peu fou, mais qui s’ancre pourtant dans les valeurs du personnalisme, dans la capacité de chacun à La Vie Nouvelle d’être « créatif, responsable et ouvert à l’autre » pour travailler à une transformation collective.
Un changement de cap
Mais l’enjeu est aussi de faire apparaître du nouveau dans le paysage politique actuel, à mi-chemin entre l’associatif et le politique, une voix donnée à la société civile.
Viser aujourd’hui un changement réel de nos sociétés, c’est d’abord décider personnellement de « changer de cap », librement et de façon parfois insignifiante, comme un navire peut infléchir sa route par un très faible mouvement du gouvernail !
Cette décision prend sa source au fond de l’être comme dans tous les grands mouvements de libération, dans des situations de crise et de défi.
Le Pacte civique est d’abord un contrat avec nous-mêmes.
La période de crise spirituelle, économique, écologique où chacun de nous peut se trouver confronté à des difficultés inédites, est sans doute un moment favorable pour découvrir des ressources que l’on ne soupçonnait pas, inventer ensemble de nouveaux engagements : partage de savoirs, de logements, de voitures, modifications de nos consommations, rencontres avec des « étrangers » !
Une force éthique
Le changement de cap personnel ne suffit pas, il doit se traduire dans des engagements collectifs puis par des modifications des politiques publiques.
N’est-ce pas la vocation d’un Mouvement comme La Vie Nouvelle ou d’un collectif comme le Pacte civique de permettre qu’à chaque niveau de notre engagement, les forces qui sont en nous, parfois en sommeil, désir de justice, quête de bonheur ou soif d’absolu se libèrent en principe actif d’une volonté de transformation commune.
C’est ce que la plateforme commune du Pacte a appelé « force éthique », plus profonde, plus vaste et plus durable qu’une force seulement sociale ou politique, mystérieuse alchimie très diverse de nos associations.
A La Vie Nouvelle, dans la « frat » ou dans les ateliers, petites communautés où se partagent librement nos convictions et où se construit la fraternité, on commence à découvrir et expérimenter la confiance réciproque, l’espérance d’une richesse plus grande que si l’on était resté seul.
Il y a comme un effet d’abondance, de « multiplication des pains », d’intelligence collective et la vie communautaire est le levier de cette transformation.
Un « bonheur autrement » apparaît possible, qui n’est plus basé sur la possession matérielle, le pouvoir et la compétition mais sur ma propre capacité à être « différent » avec d’autres. La vie peut être nouvelle !
Une vision personnaliste
Sans s’opposer ou contrarier les projets élaborés par les groupes ou les territoires, le Pacte civique peut alors les fédérer, leur donner une ampleur à hauteur des enjeux de la société d’aujourd’hui, d’abord nationaux (élections de 2012) puis certainement européens et internationaux à travers une pratique personnaliste et participative à creuser.
En tant que Pacte, il lie profondément l’action politique aux ressources riches et vivantes de la personne et s’inscrit dans une vision autre qu’un simple projet politique.
À nous, ici ou là, d’en trouver les modalités à travers les fiches thématiques du Pacte, disponibles sur le site de La Vie Nouvelle et explorant les possibilités de changements. Chaque groupe peut contribuer à les compléter, les enrichir pendant encore plusieurs mois, et des participations seront recherchées pour animer les treize ateliers du Colloque de mai 2011.
A nous d’y découvrir une éthique de la joie, comme le rappelle Christian Arnsperger dans son livre Ethique de l’existence post-capitaliste : « Accepter de s’autolimiter en simplifiant son existence matérielle, en instaurant une redistribution radicale des revenus et en partageant les prérogatives du pouvoir, c’est entrer dans une joie inédite ».