Terre de Liens : foncièrement optimiste !

Publié le 01/06/2010

Le problème du foncier

Par Fabrice Ruffier, Administrateur régional (Midi-Pyrénées) et national du mouvement Terre de Liens

Le mouvement Terre de Liens[[1 – Le « mouvement » : les différentes composantes de Terre de Liens que sont aujourd’hui l’association nationale, les associations territoriales (régionales) et les deux outils de financement, La Foncière et le Fonds de Dotation, contact fabriceruffier@gmail.com.]] est né au début des années 2000 autour du constat que l’une des clés pour un développement harmonieux des territoires est l’accès au foncier et la question de la propriété foncière[[2 – Sur cette question, on pourra lire avec profit Utopie foncière, d’Edgar Pisani, 1977, Réédition 2009, éditions du Linteau.]]. La terre est un bien commun. Elle ne peut continuer à nourrir les hommes que si ces derniers en prennent soin, la gèrent de manière concertée et intelligente. C’est une évidence, et pourtant…


A son « petit » niveau, Terre de Liens a choisi de concentrer son action sur les dynamiques citoyennes permettant des acquisitions collectives et solidaires de propriétés foncières. Ces acquisitions sont le support d’installation d’activités en milieu rural et péri-urbain, et notamment des activités agricoles respectueuses de l’homme et de l’environnement.
A côté des outils juridiques que sont les sociétés civiles immobilières et groupements fonciers agricoles[[3 – Voir Le guide d’accès collectif et solidaire au foncier, sur le site www.terredeliens.org ]], Terre de Liens a développé son propre outil financier : La Foncière (voir encadré). Le « succès » de la Foncière et sa traduction (presque) immédiate dans le soutien visible à des porteurs de projets contribue à la vitalité et au développement du mouvement associatif. Souvent autour de ces dynamiques locales (voir le témoignage de Guillaume et Mélina), les associations régionales prennent une dimension de plus en plus importante au sein du mouvement. Ici et là, des citoyens, des élus, des agriculteurs se « réapproprient » la question foncière pour orienter l’agriculture différemment : « solutions locales pour un désordre global »[[4 – C’est le titre du dernier film de la réalisatrice Coline Serreau.]].

Pour notre mouvement La Foncière a deux finalités : c’est d’abord un moyen de montrer qu’en se mobilisant solidairement – et souvent localement- on peut permettre à des projets de se réaliser. Mais c’est aussi un moyen d’interpeller la profession agricole, les pouvoirs publics et l’ensemble de la société sur le modèle agricole. Le mouvement très rapide vers la concentration des moyens de production et l’agrandissement des exploitations et la tendance spéculative qui en résulte sur le foncier mènent les agriculteurs dans l’impasse : leur revenu stagne (au mieux) et leurs exploitations deviennent intransmissibles. Le modèle de l’agriculteur européen, promu à grands coups de subventions publiques, est bien celui d’un chef d’entreprise qui s’endette continuellement pour faire grossir son capital – un patrimoine qu’il valorisera (seulement) au moment de sa retraite. Pendant toute sa carrière, donc, il sera tributaire des fluctuations du marché et des aides publiques, du coût des intrants et – bien sûr – du coût du crédit…

Quel est l’avenir d’une société qui s’occupe aussi peu de son agriculture ? Une société dans laquelle les agriculteurs et les productions agricoles ne sont que des « variables d’ajustement » dans les arbitrages macro-économiques ?

Relocaliser, créer de l’emploi, permettre à tous d’accéder à des produits de qualité, préserver notre patrimoine commun… Tout cela est non seulement souhaitable mais tout à fait réalisable rapidement. Au sein du mouvement Terre de Liens, cette conviction est notre carburant et nous savons que beaucoup d’autres la partagent. Voilà pourquoi nous sommes foncièrement et résolument optimistes !

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