Publié le 16/02/2010
Sophie, quand en janvier dernier tu nous as présenté tes poèmes en nous disant que tu en lirais quelques-uns en juin avec une amie comédienne au festival de poésie de La Charité-sur-Loire, tu savais très bien qu’il n’y avait là rien de sûr… Et tu étais contente qu’on te propose d’en publier l’un ou l’autre dans notre revue que tu ne connaissais pourtant pas. Tu es partie ce 8 mai, tu es maintenant là, dans ces lignes.
Tous tes poèmes sont une exaltation de la vie, de cette vie si précieuse qu’elle t’échappait, de ces moments intenses et passagers que l’écriture enchâsse dans des mots. Ecrire, c’était pour toi jeter de la lumière sur la grisaille des jours si inquiétant, c’était donner de l’éclat aux visages qui t’entouraient, c’était passer outre la violence du mal qui était là, c’était ta manière de t’accrocher à la vie et de te reconnaître toi-même bénéficiaire de ce don. Au fil de ces lignes, tu te livrais toute entière à la création, par-delà ta mort et par delà-toi. Et en te préoccupant de l’édition, tu jetais une bouteille à la mer, assurée que cette poésie trouve lecteur et redonne vie quelque part… Où et comment ? Peu importe !
Christian Saint-Sernin
La fatigue
Ma sœur d’infortune
Mon âme sœur si cruelle
Jamais ne me quitte
Et me rappelle d’où je viens
La fatigue est en perfusion dans mes racines
Ma fatigue, mourir avec…
L’accepter…
Rester suspendue à sa tétine…
Plonger dedans, pour en mieux sortir…
La sur nage
La berge se transforme toujours en mirage
Le corps s’use car jamais de repos
L’esprit espère et… se désespère
La vieillesse s’installe précocement
L’épuisement n’a pas d’âge
Chercher une issue à en être aveuglé
Et puis le souffle manque d’air
La noyade s’annonce inéluctablement
L’espoir aveugle et la solitude ont fait des ravages
La tête hors de l’eau comme un îlot esseulé
La fin sera-t-elle a mère ?
Et si seulement une bouteille avait été jetée à la mère ? 30 octobre 2008
Paralysie
Le courage à mon cou se perd et se pend
Toute l’énergie se focalise sur ce point d’outre-tombe
L’espoir fait l’école buissonnière et visite d’autres corps plus vaillants.
La confiance a pris la poudre d’escampette et l’angoisse me plombe
Symptômes, anémies sont des bombes.
Harassée, découragée
L’encouragement de mes proches m’accompagne dans un instant de liberté
Mais rien n’entame cette profonde solitude hébétée
Hébétée face à tant de douleur et d’incapacité à m’en dégager
La pensée n’existe plus
Les mots superflus
Le corps, rien que le cri du corps
Et la peur de la mort.
Les feuilles de la guérison
Ou feuille d’automne volante et imaginaire
Vous emportez avec vous le mal qui me ronge, loin dans les airs
Alors feuille blanche ou feuille d’automne, vous me redonnez vie et sensations
Car je peux planter grâce à vous mes racines