Publié le 16/02/2010
Par le comité de rédaction
Sous ce titre modeste et sage, se cache un tsunami vertigineux : nos modes de vie explosent. Notre vie déborde de tous les côtés, le costume se déchire, les sanglent pètent. Depuis 50 ans, tous les cinq ans, nous franchissions une marche : et les dernières sont de plus en plus hautes !
Aujourd’hui, à la charnière de l’an 2000, voilà que l’homme change de peau : il n’a plus le même rapport au travail, il ne se nourrit plus de la même façon, il ne se divertit plus, il ne s’informe plus, il ne s’accouple plus, il n’enfante plus, il n’est plus gouverné… de la même manière.
Parmi ce flot de modifications de nos modes de vie, certaines sont subies, nous tombent dessus comme des tuiles maudites. Ainsi en est-il des changements qui viennent du réchauffement climatique ou des crises économiques. D’autres sont vécues, accompagnées. Nous ne les avons pas créées, décidées, mais nous vivons avec, nous les acceptons, elles ne constituent pas forcément des malédictions. Ainsi en est-il de la mondialisation, de la numérisation de notre univers culturel. D’autres relèvent réellement d’un choix (sans être partagé par tous, l’homoparentalité, l’euthanasie, l’avortement…)
En ajoutant tout cela, aucun doute : aucun bouleversement n’a été aussi total dans l’histoire de l’humanité depuis la sortie de la forêt dense ou l’invention du feu.
On en a conscience, mais on ne mesure pas toujours la transformation de notre être qu’impliquent ces changements de mode de vie.
En 1950, on se déplaçait à pied, on n’avait pas la télévision, il était dans l’ordre des choses que chacun se marie, etc[[1 – cf. la présentation page 31 du livre de Raymond Girou, qui, au début, évoque la vie en Aveyron dans les années 50.]].
Aujourd’hui la plupart des Français se déplacent dans un véhicule, passent 4 heures et demie devant un écran, se pacsent… Est-ce encore le même homme ? Les changements dans les façons de vivre impliquent des changements dans la nature de l’être. Mounier savait (comme les existentialistes) que l’essence de l’homme n’est pas immuable, il est en devenir. Qu’est-ce qu’on fait ?
L’homme sait qu’il peut, s’il le veut, comme il le veut, se définir une morale, une façon d’accorder chacun de ses gestes chacun de ses actes, à ce qu’il pense, à ce qu’il croit.
Car contrairement à ce qui s’était passé à l’aube du quaternaire, l’homme d’aujourd’hui a le choix, disons, il a peut-être le choix, il dispose peut-être d’une marge de manœuvre. Chenille vénérable, il peut inventer le papillon qu’il deviendra.
C’est ce qui caractérise cette explosion actuelle, cette petite marge de manœuvre, qu’il doit à un savoir plus étendu, du temps disponible et un minimum de lucidité, pour choisir ou au moins orienter ses façons de vivre et pour façonner l’être qu’il sera demain. Il peut refuser la télévision, le téléphone portable. Il peut se déplacer à vélo. Il peut se chauffer au bois…
Consciente de ces conséquences, La Vie Nouvelle a lancé un atelier national sur les Nouveaux modes de vie et notre journal a choisi d’ouvrir un dossier sur cette question pour publier des réflexions et des témoignages significatifs.
Quelques lignes sont tracées, quelques chantiers sont cités, mais tout est loin d’être pris en compte dans ces pages : nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir. À vous de compléter.