Publié le 07/10/2009
Yvon Puech, comité de Rédaction
« Quel lecteur français moyen connaît le nom de Max Rouquette et sait qu’il a construit l’une des œuvres les plus accomplies de la littérature hexagonale du XXème siècle ?… Il avait, certes, l’immense tort d’avoir écrit en occitan » a écrit Raphaël Confiant (Le Monde[[On pourra lire aussi le numéro de juin-juillet 2008 de la revue littéraire mensuelle Europe consacrée aux Troubadours et à Max Rouquette.]])…
On pourrait dire la même chose pour Bernard Manciet, Yves Rouquette, Marcelle Delpastre (à lire biographie et bibliographie en français sur Wikipédia) et quelques autres. Et ceci sans parler de Mistral, prix Nobel de littérature ou encore des Troubadours (que, même en traduction, l’enseignement scolaire ne met pratiquement pas au programme).
Que Max Rouquette ( 1908-2005) ait écrit en occitan n’a pas d’importance ou le contraire, selon le point de vue que l’on adopte. Voici ce qu’écrit un critique littéraire occitan, Philippe Gardy : « Max Rouquette a écrit en occitan, comme quelques autres poètes singuliers de ce siècle… Cela n’a au bout du compte aucune importance. Sinon peut-être que cette langue souterraine, d’abord goûtée aux lèvres de la première enfance pour dire les choses essentielles de la vie, puis patiemment domptée et métissée aux rencontres successives de l’âge d’homme, s’est érigée, à travers sa difficulté d’être, en matière privilégiée de l’écriture. Tous les textes de Max Rouquette résonnent de cette origine féconde. Ils en tirent probablement leur sève unique, et cette faculté d’éblouissement, tissée de beautés et d’angoisses, qui nous les rend communicables et si précieux. »
Ceci dit, l’essentiel est bien de lire. Philippe Gardy continue : « C’est vrai qu’il faut lire Max Rouquette en occitan, parce que c’est là qu’est toute la musique et la racine de son écriture. Mais croyez-moi, l’œuvre de Max Rouquette est si forte et si puissante que, même en traduction, vous ne pourrez pas passer à côté de cette force de l’écriture, de cette humanité extraordinaire qui s’en dégage. »
Toute l’œuvre de Max Rouquette respire la poésie, y compris ses nouvelles en prose. Ainsi commence « Verd Paradís » (Vert Paradis) qui comporte plusieurs volumes : « Los primièrs passes del recòrd caminan dins l’èrba rasa que vòl viure au grand solelh e beure als sòmis banhats de la nuòch. L’èrba èra nòstra companha. » (Les premiers pas du souvenir avancent dans l’herbe rase qui désire vivre au plein soleil et se gorger des rêves humides de la nuit. L’herbe était notre compagne.).
De la lumière en chemin
Pour commencer, des extraits (Lo maucor de l’unicorn, le tourment de la licorne, édition bilingue, Domens 2000) qui disent l’importance des paroles, de la nuit, de la mer…
Las paraulas son de lutz en camin, que sabon pas se quauqu’un las espèra. Aquò es la nuòch que la nuòch nos espia Es, la mar, filha duberta a la vista de tot dieu : s’abaura dins la nuòch a l’agach das estelas, e dança tot lo jorn per temptar lo soleh. |
Les paroles sont de la lumière en chemin qui ne savent pas si quelqu’un les attend. C’est la nuit que la nuit nous regarde La mer est une fille ouverte au regard de tout dieu : elle s’abreuve dans la nuit au regard des étoiles, |
D’autres poèmes ont été publiés dans notre édition « papier ».