Rupture économique : l’Europe pourrait être moteur, mais…

Publié le 18/05/2009

Atelier économie, Guillaume Duval

Par Jean Tanguy, Groupe de Saint-Brieuc

Guillaume Duval, rédacteur en chef de la revue Alternatives Économiques, intervenait dans l’atelier Urgence économique & Crise financière. Évidemment, les questions ont été nombreuses. Par exemple : pas d’argent avant la crise. Alors d’où vient l’argent actuel ? Est-ce de la vraie monnaie ? D’où vient le savoir des économistes ? Y a-t-il des limites à l’endettement de l’État ? Cette crise est-elle l’occasion de changer le système financier mondial ? L’Union européenne a-t-elle protégé les citoyens européens de la crise ?
J’ai retenu quelques informations qui contrevenaient à ce que je pensais connaître.


Avant la crise, l’argent était trop abondant et pas assez cher, ce qui a favorisé la spéculation. Lorsqu’il y a crise, les pouvoirs publics sont obligés de soutenir le crédit, mais ils devraient faire ce qu’ils ne font pas : hausser le niveau des contrôles, ce qui aiderait les gens.

En effet, la moitié des flux nationaux et bancaires ont transité par des paradis fiscaux, hors de tout contrôle. On peut imaginer ce qui se passerait si on contrôlait ces échanges…
Quand on entend dire « il n’y a plus d’argent », il faut entendre « il n’y a plus de finances publiques ». Faire payer l’impôt aux riches, c’est prendre leur argent pour le mettre dans les finances publiques. Mais si on leur emprunte, on leur remboursera leur capital plus les intérêts. Pensons au paquet fiscal de 15 milliards d’euros…

Curieusement, ce sont les gouvernements de droite qui creusent les déficits publics : la France de Balladur, l’Italie de Berlusconi, l’Amérique de Bush.

En France, l’État a plus de biens qu’il n’en doit : actifs financiers (actions dans des entreprises publiques) et actifs physiques (terrains, châteaux…). Par contre, l’Amérique n’a pas d’argent. Ce que la Réserve américaine met en circulation n’existe pas. Depuis 1975, les revenus de 95% de la population stagnent. L’endettement a augmenté dans des proportions débridées. La consommation a été supérieure aux revenus. C’est l’argent du Japon et de l’Europe qui a permis l’innovation et la consommation américaines…

Les pays du Sud ont eu une production en augmentation. Ils ont mis leurs revenus à disposition des Américains pour un montant qui est de l’ordre de 10% de la dette américaine, au lieu d’investir les richesses sur place.

Si les USA ont réagi très vivement à la crise financière des subprimes, c’est parce que, n’ayant pas de protection sociale comme en France, le pays ne peut supporter d’avoir un volant de chômeurs.

Il ne faut pas compter sur les pays émergents pour venir au secours des pays développés car les créanciers préfèrent prêter aux pays fiables…

En Europe, l’Ukraine, la Pologne, la Roumanie, la Hongrie sont dans ce cas. La Chine est à ranger dans ce groupe. Son économie représente 6% de l’économie mondiale (Europe : 25%, USA : 25%).

Il est regrettable que la surveillance de l’euro soit laissée aux Etats. Du coup, il n’y a pas de banque ayant une dimension européenne.

Le budget européen représente 1% du PIB européen, alors que le budget fédéral américain représente 20% du PIB américain.
Il faudrait donc que les États membres abandonnent une partie de leur souveraineté en acceptant une surveillance européenne des banques. Ainsi, l’Union européenne aurait une dimension politique plus marquée et serait une force économique plus convaincante au plan mondial.

Dans l’état actuel des choses, il est peu probable qu’il faille compter sur l’Union européenne pour amorcer une rupture, car les États membres sont trop peu fédérés. Pourtant, l’Union européenne pourrait être le moteur de la sortie de crise de l’économie mondiale, du fait du faible endettement de ses entreprises et de la forte épargne de ses ménages.
… La crise pourrait-elle forcer l’Union européenne à avancer dans le bon sens ?

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