L’intolérable

Publié le 05/12/2007

La politique du chiffre se poursuit et se durcit : 25 000 reconduites à la frontière en 2007, 26 000 en 2008. Rien ne vient justifier ces chiffres ni cette augmentation. Rien sinon la volonté d’afficher que l’on est et qu’on sera de plus en plus inflexible, ce qui satisfait une partie de l’opinion sans pour autant dissuader ceux qui prennent tous les risques pour échapper à la misère, à la dictature ou à la mort.

Derrière ces chiffres froids, il y a des hommes que l’on pourchasse et que l’on traque. Les centres de rétention sont pleins à craquer. Qu’importe! nous dit-on, on en construira d’autres. Et s’il le faut, si les gouvernements européens le décident, on allongera, comme il en question depuis quelques mois à Bruxelles, la durée maximale de la rétention à 18 mois (elle est actuellement de 32 jours en France). Ce jour-là les centres de rétention deviendront des centres de détention, c’est-à-dire des prisons. En attendant, dans ces centres, on enferme des hommes : des jeunes, des vieux, des malades, des femmes enceintes mais aussi des enfants. Des familles qui vivaient depuis des années en France se trouvent soudain brisées, des enfants que l’on ne peut expulser, interdits d’écoles, privés d’avenir. Le coût humain est incalculable. Il n’entre pas dans les statistiques.

Ne croyons pas que cette politique du chiffre ne s’exerce que contre les étrangers sans titres de séjour. Sans que nous en ayons toujours claire conscience, elle s’exerce aussi contre les citoyens que nous sommes. Les préfets qui n’obtiennent pas d’assez bons résultats sont convoqués par M.Hortefeu et tancés. A leur tour, les policiers sont sommés d’augmenter les prises au point que certains se disent harcelés par leur hiérarchie. Les rafles se multiplient dans certains quartiers. Tout récemment, les portes d’un foyer de travailleurs immigrés ont été défoncées avant l’aube en plein Paris. Les citoyens qui portent assistance aux « sans papiers » peuvent être interpellés et déférés devant un juge : ils encourent alors jusqu’à cinq ans de prison. Veut-on faire de nous des citoyens serviles ?

Mais alors, que faire ? Nous ne sommes pas dépourvus de moyens de réagir. Nous pouvons nous mobiliser avec les associations qui luttent au quotidien pour la défense des étrangers : Amnesty, la Ligue des Droits de l’Homme, France Terre d’Asile, la Cimade, le Gisti, la Fasti, Réseau Education Sans Frontières… ou encore, venir agrandir les « cercles de silence » qui se créent dans plusieurs villes après l’initiative prise par les franciscains de Toulouse. Témoigner et, chaque fois qu’on le peut, agir contre l’intolérable.

Le secteur Spiritualité de La Vie Nouvelle

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