Un voyage d’études sur l’écologie concrète

Publié le 07/11/2007

Michèle Le Bars, groupe Vallée de la Bièvre

France Inter, juin 2006, « C02 mon amour » : nos appartements, nos maisons, nos bâtiments publics sont de véritables passoires à calories. En moyenne, la consommation énergétique annuelle d’un mètre carré français ancien tourne autour de 250-300 kWh/an contre 50 kWh, voire moins, dans les quartiers rénovés de Fribourg en Brisgau, la vitrine écologique de l’Europe. Située en Allemagne, au pied de la Forêt Noire, cette ville de 210 000 habitants est un modèle de mise en œuvre des principes du développement durable. Elle met l’accent sur l’utilisation des énergies renouvelables au sein d’une réflexion globale en matière d’urbanisme, d’architecture, de transports, de gestion de l’eau et des déchets, en impliquant les habitants, les enfants, les entreprises.


Le projet d’un voyage d’études était né ! Le groupe Vallée de la Bièvre a emmené à Fribourg 33 membres de La Vie Nouvelle dont 6 enfants. France 3 Alsace, qui faisait un reportage sur le tourisme écologique, nous a accompagnés : 4 minutes de son émission « triangle » du dimanche soir 22 avril y ont été consacrées.

Une France timide

Les quartiers peu consommateurs d’énergie, neufs ou rénovés, existent à Fribourg à une échelle que nous ne connaissons pas encore en France, même si Paris vient d’accepter que la ZAC du 13ème arrondissement soit une « écozac » sur le modèle du quartier Vauban de Fribourg. La France semble à la traîne en matière de protection de l’environnement, l’Europe ne serait-elle pas son meilleur moteur en ce domaine ? C’est aussi ce que nous avons voulu comprendre avant d’aller à Fribourg, en étant reçus au Parlement européen par une spécialiste de l’environnement, une rencontre organisée grâce à l’aide efficace du groupe de Strasbourg.

Un apprentissage mutuel, des découvertes sur place

L’un vient avec sa riche connaissance des matériaux isolants, l’autre a l’intention de développer l’autopartage dans sa ville, une architecte veut continuer à se former sur les maisons à énergie « passive », d’autres s’interrogent sur la pertinence des éoliennes, du photovoltaïque, l’une veut construire une maison avec géothermie, l’autre inscrire dans son programme aux municipales des propositions sur les économies d’énergie, un autre vient d’installer une pompe à chaleur air/air chez lui, une présidente d’un comité de développement durable de pays souhaite transférer des idées, les enfants sont spontanément intéressés… Et nous apprenons que chez nous en France, récupérer la chaleur du lait issu de la traite des vaches pour chauffer l’eau sanitaire, cela existe, ainsi que les chaudières à copeaux de bois, l’auto-partage à Paris, la location de vélos à Lyon, la cogénération, la ventilation double flux, la récupération des eaux de pluie subventionnée en Poitou-Charentes…

Alors, à quoi bon aller à Fribourg ? C’est le côté intégré et complet de la démarche qui en fait toute son originalité, ainsi que la participation citoyenne. Ce sont des projets sur le long terme avec des calculs sérieux de retour sur investissement. Ce sont aussi des réalisations aidées par les pouvoirs publics, avec un prix de rachat de l’électricité photovoltaïque fournie au-dessus du prix habituel de l’électricité, (en France aussi, mais qui le sait ?). Ce sont des citoyens qui s’entourent d’experts et deviennent des personnes qualifiées afin de peser mieux sur les décisions.

Un urbanisme nouveau : une ville compacte désirable

On peut préserver le climat en adoptant une autre idée de la ville : cesser de construire des zones pavillonnaires (la maison Borloo est un fantasme collectif, une réponse opportuniste au rêve des Français !), et créer des quartiers plus denses de maisons mitoyennes, à peu d’étages, tout à fait agréables à vivre, bien isolées thermiquement, sans nuisances sonores, avec des circulations douces, piétons, vélos, trams. C’est avant tout la qualité de vie qui est recherchée.

Une autre croissance

Fribourg nous a montré que les technologies des énergies renouvelables sont aujourd’hui matures et qu’une autre croissance est possible grâce à elle. Nous revenons avec la certitude (confirmée par les conclusions du GIEC(1) récemment à Bangkok) que, en combinant économies d’énergie dans l’habitat et le transport, développements de technologies nouvelles, volonté politique et engagement citoyen, on peut non seulement faire survivre cette planète, mais vivre mieux, développer des emplois et promouvoir la croissance. 10 000 emplois sont liés au développement durable à Fribourg (1 400 000 en Allemagne, 400 000 en France) : usine de fabrication de panneaux solaires, centre de formation initiale et continue aux énergies renouvelables, école professionnelle qui forme les installateurs, institut de recherche appliquée Fraunhofer sur l’énergie solaire (tondeuses à gazon fonctionnant avec des panneaux photovoltaïques, maison solaire tournante), activité touristique. Certains ont vu dans nos interlocuteurs les porteurs d’une idéologie verte, d’autres pas du tout, le mot entendu le plus souvent étant : pragmatisme et… retour sur investissement !

Bibliographie

La maison des [néga]watts, le guide malin de l’énergie chez soi, Thierry Salomon et Stéphane Bedel, éd. Terre vivante.
L’électricité coûte cher. Et nous en consommons de plus en plus, avec la multiplication des appareils électroménagers, audiovisuels et autres. Or nous pouvons économiser près de la moitié de notre consommation, sans que notre confort en pâtisse. En nous équipant de lampes fluo-compactes, de réducteurs de débit d’eau, d’appareils électroménagers performants, etc. En apprenant aussi quelques gestes simples et gratuits.
La conception bioclimatique des maisons confortables et économes, Samuel Gourgey et Jean-Pierre Oliva, éd. Terre Vivante.

Des sites :
http://www.negawatt.org/
http://www2.ademe.fr
http://www.linternaute.com/savoir/gestes-nature/index.shtml
http://www.zone-ecolo.com/dossier.php

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