Réponse de Bertrand Artigny, Les Verts

Publié le 18/09/2007

Comment concrètement envisagez vous de favoriser l’ouverture de l’école à son environnement et l’implication des parents dans ce processus éducatif ? Avec quels moyens ?

Sincèrement, je n’ai pas d’autres expériences que la mienne propre, à l’école Fulchiron de Lyon 5.
Je suis tout à fait en phase avec l’analyse que vous faites en termes de projet éducatif et de l’implication des parents et des associations extra scolaires.
Il me semble fondamental de partir du principe que le rôle des parents est essentiel et incontournable dans l’éducation de leurs enfants et qu’il ne peut y avoir une forme de délégation, vers l’école (un parallèle peut être également fait pour la médecine pour le traitement et les soins apportés aux enfants atteints de maladies graves).
Je ne crois effectivement pas que seuls des professionnels de l’éducation ont « autorité » et je suis convaincu que cette délégation est effectivement à l’origine de rejet et d’échecs.
A l’Ecole Fulchiron, ma compagne anime 1 fois par semaine (elle va aussi, suivant les années, dans 1 ou 2 autres écoles) des activités extra scolaires axées sur le jeux de société. Cette activité permet aux enfants de prendre plaisir à être ensemble plutôt que chacun dans son coin devant sa console de jeux, de respecter ses adversaires et… d’apprendre à perdre.
Ces notions peuvent paraître surprenantes mais force est de constater que nous sommes dans une Société qui individualise, utilise des mots et des concepts guerriers pour parler d’adversaires, cultive l’esprit de gagne et ne donne sa place qu’aux vainqueurs.
Parmi les thèmes que je voudrais plus souvent voir enseigner à l’école au travers d’activités extrascolaires, sont ceux qui ont trait à la protection de l’environnement et au développement soutenable. En tant que militant Vert, je ne peux demander moins. Cela permettrait à moindre coût, d’impliquer également les parents et de rendre cohérent la vie de classe et la vie de famille.

Quels objectifs, quels moyens allez vous donner à l’école pour que les enseignants puissent adapter leur pédagogie afin que chaque enfant puisse bénéficier d’un accompagnement adapté à sa personnalité, à son rythme et à son parcours ?

Tout à fait d’accord avec votre analyse, mais si vous comptez sur moi, aujourd’hui, pour énoncer des recettes à ce profond problème de société, vous allez être déçus car les solutions sont complexes et les recettes à l’emporte pièce n’ont pas de lendemain.
En revanche, il est clair que l’école d’aujourd’hui est devenue extrêmement élitiste. Vous avez pris l’exemple des enfants qui ont des difficultés pour suivre les cours, mais si vous allez à l’extrême, c’est à dire considérer des enfants qui souffrent de handicap, vous constaterez que seule l’école privée les accepte.
En tant que militant de Gauche, ça me fait mal au cœur.
En outre, il est souvent diagnostiqué chez des enfants dits « lents » des causes neurologiques, pas nécessairement sévères, mais qui nécessitent d’être identifiées clairement pour comprendre soit l’attitude de l’enfant, soit ses résultats scolaires.
Enfin, je ne crois pas qu’il faille tout faire reposer sur le seul corps enseignant. C’est pourquoi les Verts sont favorables, pour les enfants en situation de handicap, au rattachement à l’Education Nationale des instituions médico-éducatives


Comment entendez vous assurer la mixité sociale à l’intérieur des écoles pour qu’elle soit la découverte de l’altérité et l’apprentissage des différences ?

L’école ne peut être que le reflet de la Société. Si nous avons des villes ghettos, alors nous aurons des écoles ghettos.

La seule question est pour moi : comment éviter d’avoir des villes ghettos. Pour cela une vrai politique d’urbanisme qui mélange les immeubles sociaux et immeubles privés (voir les appartements) doit être la règle. Mais cela ne suffira pas : il faut aussi une politique de la ville qui donne de vrais poids aux conseils de quartiers et donne le droit à l’expression de l’ensemble des habitants. Par ailleurs, je reste intimement convaincu que les fêtes religieuses des diverses cultures qui habitent nos quartiers peuvent être aussi le lieu d’expression de l’ouverture.

C’est un grand projet que je souhaite proposer dans le cadre des municipales à Lyon, mais aussi que je vais tester dès la rentrée dans le conseil de quartier du Vieux Lyon.

Comment faire pour que les enseignants gardent confiance en eux, que la société les reconnaisse comme acteurs essentiels de l’éducation ? Comment envisagez vous de revaloriser ce métier qu’ils aiment ? Comment leur assurer motivation et soutien tout au long de leur parcours professionnel ?

Je suis certes fils et petit fils d’enseignants mais je n‘ai pas de recette miracle aujourd’hui.

Il me semble d’abord important de dresser les grandes lignes d’un projet éducatif et le rendre cohérent avec le projet de société. Puis de débattre et d’échanger avec les organisations syndicales représentant les enseignants, les parents d’élèves, afin d’arriver à un accord global, qui pourrait par la suite être validé par l’ensemble du corps enseignants, les fédérations de parents d’élèves, et pourquoi pas le corps médical pour les enfants souffrant de handicap

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