Arnaud Magnier : non, les citoyens ne rejettent pas l’Europe

Publié le 18/03/2019

Les consultations citoyennes ont servi de répétition générale au Grand Débat. Même équipe, même méthode : on part du terrain, les citoyens peuvent s’exprimer sur un site, ou dans des réunions qu’ils ont eux-mêmes organisées. L’initiative prise par Emmanuel Macron et portée par Gaëtane Ricard-Nihoul et Arnaud Magnier (secrétaire général des consultations citoyennes pour l’Europe) a trouvé un accueil plus favorable auprès des États membres que des institutions européennes. À la différence des sondages habituels, il s’agissait de prendre le temps de débats apaisés, assez loin des élections. Les associations ont saisi cette opportunité.


Au final, les points communs entre États l’emportent sur les divergences, qui sont liées à la géo-graphie : en Europe du Nord voisine du géant russe, on souhaite une Europe de la défense. Près de la Méditerranée, la pression migratoire fait désirer une Europe qui protège.

Des convergences
Il n’y a pas de rejet de l’Europe, même si on critique les politiques. Elle est perçue comme un outil pour relever les défis de la mondialisation face à des géants bru-taux. Mais les citoyens sont exaspérés par un système de décision incompréhensible qui leur paraît suspect et inacceptable. Nous ne pouvons adhérer, disent-ils, que si nous comprenons le projet collectif commun qui est derrière. Ils veulent un nouveau saut dans l’Europe sociale, un continent de la solidarité sans dumping fiscal, avec de nouveaux traités. Ils s’inquiètent, par ailleurs, que l’Europe rate le tournant des nouvelles technologies ; il faut prévoir un budget pour la recherche, l’éducation. Arnaud Magnier remarque que l’attente des citoyens dépasse les institutions et que leurs vœux s’expriment sans sou-ci de faisabilité.

La synthèse des consultations se trouve sur le site quelleestvotreeurope.fr depuis fin décembre. Les conclusions ont été remises au Conseil européen du 15 décembre 2018 qui les a examinées pendant une demi-journée. Les positions des États sont d’une grande diversité ; ils devront surmonter leurs divergences au sommet de Sibiu (9 mai 2019), qui doit ouvrir un nouveau cycle institutionnel pour cinq ans. La société civile sera-t-elle vigilante ?

En réponse aux questions de la salle :
• le changement climatique apparaît aussi dans les préoccupations des consultations citoyennes.
• Les Conseils sont opaques : la recherche d’un compromis à 27 demande de la diplomatie. On y vote beaucoup, à la majorité qualifiée, et la minorité accepte de perdre pour servir le bien commun à condition de n’être pas humiliée en public. Ces Conseils sont l’aboutissement d’un travail intense : 4 000 réunions techniques d’experts nommés par les États préparent 150 COREPER (Comités des représentants permanents) qui pré-parent eux-même 70 réunions de ministres. Des moyens pour en assurer la publicité ont été mis en place en 2009, mais les tribunes sont restées vides et le streaming pas consulté.
• Les médias et les politiques n’ont rien dit des consultations citoyennes malgré leurs similitudes avec le Grand Débat : Arnaud Magnier a fait le tour de nombreuses rédactions : « Si vous pouvez monter une consultation citoyenne qui dégénère, on couvre. » Mais il n’y a pas eu de conflits, même si les extrêmes étaient présents, grâce au cercle vertueux de la parole. 

Claire Papy, atelier Politique de LVN

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