Les associations et l’exercice de la démocratie

Publié le 05/11/2010

Par François Leclercq, Comité de rédaction

La France s’enorgueillit d’un million d’associations. Donc d’un million de présidents et de trésoriers (les CA ne sont pas obligatoires) et d’un million d’assemblées générales annuelles où les Français, depuis l’adolescence jusqu’à l’âge le plus avancé, peuvent s’exercer à écouter, à parler, à lire un budget, à voter.
Fixées en France par la loi du 1er juillet 1901, les associations existent maintenant dans tous les pays. Les noms varient : association sans but lucratif (Belgique) ou sans but économique (Suisse) ou organisme sans but lucratif (Canada, Etats-Unis). Le principe, à peu près le même, connaît des nuances plus ou moins importantes.
Nous n’avons pas examiné toutes les associations, ni toutes les catégories d’associations, ni chacun des problèmes que posent les associations.
Association et exercice de la démocratie, tel a été notre angle d’attaque.


Les quelques pistes qui suivent sont le témoignage de ceux d’entre nous qui sont investis et qui jettent un regard sur le sens de cet engagement.

Engagement et désaffection

Pour beaucoup, l’association est le premier lieu d’apprentissage et d’exercice de la démocratie concrète.
Or le monde associatif souffre des maux que connaissent les partis et les syndicats : on a peine à trouver des responsables, on voit se détourner les jeunes.

Et l’on se heurte à deux écueils. D’un côté un surinvestissement exacerbé nourrissant de violentes querelles internes des ambitions et des ego qui n’ont rien à envier à la sphère politique. De l’autre, une indifférence qui conduit tout doucement au coma végétatif.
Entre les deux, pourtant, reste un lieu de vie réel pour les millions de Français qui partent à la rencontre de l’autre et d’un engagement.
Devant ces dangers, les pouvoirs publics, état ou collectivités territoriales, se mobilisent, rassemblent, créent des structure d’aide (où on apprend à gérer une association, à présenter un budget, à animer des débats, etc.). Un portail gouvernemental (www.associations.gouv.fr) offre une quantité d’informations sur la question.

Le gouvernement cherche de plus en plus à encadrer, contrôler les structures associatives, surtout par le biais des finances suscitant l’inquiétude des associations. Mise en cause en particulier, la circulaire de janvier 2010 (cf. article « une douche froide pour les associations »).

Partis ou associations ?

Pour beaucoup aujourd’hui, le cœur de la vie démocratique tient dans la société civile, c’est-à-dire essentiellement la vie associative, qu’on oppose à la vie politique et au monde des partis qu’on ressent gangrené et sclérosant.

Or à y regarder de près, il n’est pas si facile d’opposer associations et partis politiques. Hasard ou simultanéité, c’est en 1901 que le premier parti politique apparaît, le Parti Radical, puis en 1905, la SFIO.

Au regard de la loi, les partis politiques sont des… associations. Rien ne précise la forme d’associations que les partis politiques doivent respecter. La loi ne se penche sur les partis que pour le financement et les dépenses électorales. De 1988 à 1995, pas moins de quatre lois se succèdent dans ce domaine.

L’histoire nous apprend aussi que les associations naissent précisément au moment où la France laïque a su détacher l’Eglise de l’Etat (loi de 1905), lui ôtant le monopole de l’éducation et de l’action humanitaire.
Or la plus riche innovation que représente l’association, c’est de prendre en compte l’initiative individuelle, le projet du petit groupe. Ce ne sont plus des Églises, des États, des hommes puissants qui font éclore les projets, ce sont les citoyens. Par définition, toute initiative est respectable et respectée. A charge pour elle d’accueillir tout autre citoyen.

Associations et vie à l’étranger

On sait que les étrangers en France comme dans à peu près tous les autres pays n’ont pas le droit de vote. Ils n’ont donc aucune raison de s’intéresser aux partis politiques, aux problèmes débattus, à moins d’être directement concernés.

Cela conduit à des situations impossibles quand ces étrangers ont un travail, un logement et une famille en France. Car ils se trouvent écartés de toute vie sociale visible et organisée.

Certes de nombreuses associations d’aide et de défense des droits des étrangers (l’ASTI, la CIMADE, France Terre d’Asile, Réseau Éducation Sans Frontières) s’évertuent à accueillir, guider, soutenir. Mais dans ces associations obligatoirement, les étrangers dépourvus souvent de titre de séjour, restent passifs, voire consommateurs.

Parallèlement, il existe des milliers d’associations de nationalités et de cultures étrangères. Ces associations qui connaissent un affichage et une reconnaissance officiels constituent pour les étrangers, un premier pas vers une participation ouverte à la vie de la collectivité.

Mais aussi et surtout, dans de nombreuses cités, on commence à bien mesurer combien les personnes issues de l’immigration jouent un rôle efficace et dynamique et représentent souvent le seul espoir pour bon nombre de banlieues ghettos.

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