Des Français nomades, citoyens du monde

Publié le 16/02/2010

Par le Comité de rédaction

On parle des étrangers qui s’infiltrent en France, mais on parle moins des Français qui partent s’installer à l’étranger : le dernier recensement fait état de 2 millions à être dans cette situation.


Ils visent tous les pays d’Europe et des autres continents.

Une situation privilégiée

Leur situation est souvent bien meilleure que celle des immigrés chez nous : ils possèdent une protection sociale, conservent leur statut de Français, peuvent continuer à voter en France, parviennent à obtenir la nationalité du pays accueillant. Dans de nombreux pays, ils se heurtent à l’interdiction d’être propriétaire d’immeubles ou de terrains. Ce qui est bien compréhensible vu la disparité financière : la plupart des pays étant nettement plus pauvres, il serait facile d’acquérir les meilleurs terrains au détriment des populations locales.

Et les Français ne se sentent pas coupés de la mère patrie : le téléphone, la vidéo-communication permettent en deux clics de se parler et de se voir à des milliers de kilomètres de distance.

Les Français partent pour six mois, un an, ou plus. Ils ambitionnent de s’enrichir ou de s’épanouir ou de se mettre au service d’autrui.
Dans son livre Une Brève histoire de l’avenir, Jacques Attali évoque l’abolition des frontières et qualifie de travailleurs nomades ces privilégiés qui pourront, pour leur activité professionnelle, leur habitat ou leur argent, se jouer des frontières.

Quelques exemples

étudiant en Allemagne, celui-ci épouse une jeune Munichoise et trouve un emploi dans la Deutsche Bahn. Barman à Londres, celui-là revient au bout d’un an après avoir bien progressé dans la langue de Shakespeare.
Jeune docteur de l’université, cette biologiste est engagée pour deux ans dans un labo de Cork en Irlande (il est fortement conseillé aux chercheurs d’avoir une expérience à l’étranger). Cette jeune infirmière signe un contrat de deux ans dans un hôpital de Montréal, mais pourra rester davantage (le Canada étant lui aussi en manque de professionnels de santé). Aude, notre amie du comité de rédaction, s’est engagée dans une ONG dans le nord de l’Inde. Et aussi nos amis vienouvelliens de Bruxelles et du Luxembourg.

On part à tout âge

Ainsi nos amis Jean-Pierre et Dominique se sont décidés à près de 60 ans pour travailler pendant deux ans comme volontaires en Palestine, avec la DCC. La Délégation Catholique pour la Coopération, ONG, envoie des volontaires sur demande de partenaires locaux (communauté, paroisse, association confessionnelle ou non). Ce sont eux qui nous livrent ci-dessous leur témoignage.


Volontaire à Nazareth

Comment nous avons atterri ici ?
Il y a deux ans, j’ai été remercié de France Télécom qui m’a généreusement proposé de partir en pré-retraite. L’actualité montre que FT sait hélas employer des moyens de pression lorsqu’il s’agit de la gestion du personnel.

Je me trouvais un peu jeune et encore en pleine possession de mes moyens, et je ne voulais pas faire une activité professionnelle parallèle (mon super-chef s’est établi comme consultant). Je suis tombé par hasard sur le site Web de la DCC (Délégation Catholique à la Coopération), qui envoie des volontaires un peu partout dans le monde. Coïncidence, Dominique, qui avait toujours subi mes déplacements professionnels, voulait aussi aller voir ailleurs. Les deux sessions d’orientation de la DCC nous ont confirmé que nous pouvions partir avec cet organisme. Nous avons différé notre départ d’un an parce que notre fille ne se sentait pas encore prête à voler de ses propres ailes – maintenant elle est à Istanbul pour un semestre Erasmus et s’est très bien débrouillée sans nous pour s’installer.

Nous nous attendions à partir quelque part en Afrique, l’un comme prof d’informatique et l’autre comme animatrice féminine. Et on nous a proposé de venir à Nazareth pour la construction et le lancement du Centre International Marie de Nazareth, en soutien à la Communauté du Chemin Neuf qui va gérer le Centre. Nous avons fort hésité avant de répondre positivement ; derrière le travail demandé, l’objectif est aussi de soutenir les chrétiens d’Israël par une présence effective. Nous avions déjà été sensibilisés à cette situation, lors d’un voyage en 2000, et c’est ce qui nous a fait accepter, toutes les personnes bien au fait de cette situation nous ayant conseillé d’accepter.

Nous voilà donc ici depuis un an et pour un an encore. Après… Nous rentrerons certainement à Grenoble. Si nos enfants sont à peu près tous sortis d’affaire, nos quatre parents prennent de l’âge !

Tu parles des conditions dans lesquelles nous sommes partis : nous avons le statut de Volontaire de Service International, qui est un statut européen : nous sommes nourris (on reçoit une indemnité), logés et avons une indemnité de 150 € (au fond de la brousse africaine c’est peut-être bien, mais ici c’est bien peu, heureusement mon indemnité de pré-retraite continue d’être versée, donc nous ne sommes pas dans le besoin). Nous avons droit à la couverture maladie de la SS, cela compte comme annuités pour la retraite de Dominique, et elle aura droit aux Assedic en revenant. C’est donc une aventure raisonnable !

Jean-Pierre et Dominique

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