La parabole des nombrils

Publié le 12/06/2006

Ca me tracasse beaucoup, dit Dieu, cette manie qu’ils ont de se regarder le nombril au lieu de regarder les autres.

J’ai fait les nombrils sans trop y penser, dit Dieu, comme un tisserand qui arrive à la dernière maille et qui fait un noeud, comme ça, pour que ça tienne, à un endroit qui ne paraît pas trop… J’étais trop content d’avoir fini!

L’important, pour moi, c’était que ça tienne.

Et, d’habitude, ils tiennent bon, mes nombrils, dit Dieu, mais ce que je n’avais pas prévu, ce qui n’est pas loin d’être un mystère, même pour moi, dit Dieu, c’est l’importance qu’ils accordent à ce dernier petit noeud, intime et bien caché.

Oui, de toute ma création, dit Dieu, ce qui m’étonne et que je n’avais pas prévu, c’est tout le temps qu’ils mettent, dès que ça va un peu mal, à la moindre contrariété, tout le temps qu’ils mettent à se regarder le nombril, au lieu de regardre les autres, au lieu de voir les problèmes des autres.

Vous comprenez, dit Dieu, j’hésite, je me suis peut-être trompé?

Mais, si c’était à recommencer, si je pouvais faire un rappel général, comme les grandes compagnies de voitures, si ce n’était pas trop de tout recommencer, dit Dieu, je le leur placerais en plein milieu du front.

Comme cela, dit Dieu, au moins ils seraient bien obligés de regarder le nombril des autres.

(à la manière de Péguy)

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