Les mobilités douces…

Publié le 07/11/2007

Brigitte Lecolley et Hélène Boureau, groupe de Caen

On le répète chaque jour, réduire l’émission de CO2 est une urgence pour la planète.
Mais concrètement, que peut-on faire ? Parmi les solutions proposées, la réduction drastique des déplacements automobiles est prônée par un certain nombre, les écologistes en particulier.
Certaines collectivités publiques, ainsi que des citoyens, individuellement ou collectivement, ont fait le pas, conjuguant leurs efforts et ont démontré que c’était possible à grande échelle, améliorant la qualité de vie de tous, sans revenir à l’antiquité.


Mobilité douce : modes de déplacement dans la rue ou sur route sans apport d’énergie autre qu’humaine (en principe sans moteur, à motricité autogène).

Auto’trement[Détails sur le site : www.autotrement.com]], société coopérative d’auto-partage de Strasbourg, permet de disposer d’une voiture, à proximité de chez soi, sans posséder de voiture.

Auto’trement s’occupe de tout : achat des véhicules (plusieurs modèles au choix), assurance, carte grise, abonnements parking, contrôles et réparations au garage, assistance, dépannages…

Le système informatique d’Auto’trement, accessible pour les abonnés par Internet ou par téléphone 24 h/24, permet de réserver une voiture entre 3 minutes et 3 mois à l’avance, selon ses besoins, pour la durée souhaitée (pour 1/2 heure ou plus). En 2004 98% des demandes ont été satisfaites. Les voitures, stationnées à moins de 5mn de son domicile ou d’une station de transport en commun, sont accessibles en libre-service grâce à une carte à puce. Chacun paye ce qu’il utilise, à l’heure et au kilomètre.

Si l’on parcourt moins de 1 200 km par mois en voiture, l’auto-partage est une alternative simple, économique et écologique à la voiture particulière (la 2ème voire la 1ère) : une utilisation moyenne, 2 fois par mois pour une centaine de kilomètress revient à un budget de 50-60 €/mois.

Ce système est complémentaire à d’autres solutions que les adhérents utilisent de plus en plus :
– la marche à pied, le vélo… Pour les déplacements quotidiens sur des distances courtes,
– pour les trajets domicile-travail, les transports collectifs en ville et le covoiturage en périphérie ou en région,
– L’auto-partage, lui, est utile pour les destinations qui ne sont pas desservies, lorsque les horaires ne conviennent pas, ou que le déplacement nécessite de transporter des objets.
– Sans rejeter les taxis (pour un aller simple à la gare) et les sociétés de location (par exemple pour partir en vacances). Soyons pratiques, pas seulement idéologiques !
L’auto-partage permet ainsi d’économiser 7 places de stationnement et, en utilisant les autres modes de transport, de diminuer la place de la voiture en ville.

Quels sont les facteurs permettant ainsi à des citoyens de modifier les comportements en faveur d’un développement durable ?

– L’initiative d’habitants qui n’attendent pas tout des collectivités.
En 2000, à Strasbourg, 12 personnes ont décidé de revendre leur voiture et ont acheté 3 voitures d’occasion ; 7 ans plus tard, 900 adhérents utilisent 48 voitures neuves réparties sur 18 « stations » (le seuil de crédibilité est situé à 15 voitures sur 6 stations).
A Fribourg l’association de « car-sharing » regroupe 2 500
adhérents dans 35 villes de la région Südbaden ; ils utilisent 140 voitures, dont 86 rien qu’à Fribourg, et pour les derniers quartiers construits, ce sont encore les citoyens, sans attendre d’être sollicités, qui ont réussi à imposer à la municipalité certains de leurs choix (voies partagées avec les piétons).

– L’engagement des collectivités :

  • Financier : Auto’trement a été subventionnée fortement au départ par la communauté urbaine de Strasbourg, l’ADEME, les compagnies de transport. Devenue S. C. I. C.[[société coopérative d’intérêt collectif www.scic.coop]], en 2007 elle atteint presque le seuil d’autofinancement et intéresse même des entreprises qui deviennent sociétaires et utilisent le service.
  • Par la contrainte qui dissuade : la ville de Strasbourg fait beaucoup pour limiter les déplacements en rendant difficile l’accès au centre ville pour les voitures individuelles. A Fribourg, dans les nouveaux quartiers, il est interdit de se garer devant chez soi ; plus les parkings sont proches du centre ville, plus ils sont chers.
  • les incitations : à Strasbourg la place au parking relais donne droit à un ticket de tram-bus gratuit pour tous les occupants de la voiture. A Fribourg, le stationnement est gratuit au terminus du tram.
  • une volonté politique forte s’appliquant à un concept de circulation : à Fribourg des plans d’urbanisme intégrant, en amont des constructions de logements, le développement d’un réseau dense et cohérent de transports en commun (29 km de tram), 420 km de vraies pistes cyclables, de nombreuses rues partagées par les enfants qui jouent, les piétons, les cyclistes et les automobilistes roulant au pas.

– Des services bien conçus
jusque dans les moindres détails :

  • La station de mobilité de Fribourg, proche du centre ville, regroupe un immense garage pour 1 000 vélos gardés à prix dérisoire avec consignes aérées pour casques et vêtements de pluie, atelier de réparation, un magasin de cycles et un café-vélo ; situé au point de jonction du rail, tram, bus, il permet aussi d’y acheter ses cartes ou tickets de transport ; c’est là également que se trouve le standard de l’association d’auto-partage. Ce projet a permis, en outre, de réinsérer des chômeurs de longue durée.
  • Des voitures disponibles tout près de chez soi avec l’autopartage.
  • A Fribourg, des trams accessibles aux poussettes.
  • Les supermarchés au milieu du quartier Vauban.
  • 30 000 km de transports en commun dans la région de Fribourg, accessibles avec une carte unique qui coûte 430 €/an (65 €/an pour un étudiant), non nominative. Les lacs de la région sont même accessibles en transports en commun et même le dimanche !
  • Des remorques pour les vélos permettant à presque chaque famille de conduire les enfants à l’école et de transporter les courses volumineuses.

Alors, utopique, idéologique de limiter radicalement la voiture ? Ces exemples nous démontrent que c’est possible. Si en France, on trouvait 490 voitures/1 000 habitants en 2004, 2ème rang en Europe (source : Eurostat, note 125/2006 du 19.09.2006), le taux tombe à 85/1000 dans le quartier Vauban !!!

Pas encore vraiment démocratique (à Strasbourg les adhérents se recrutent en majorité dans les classes moyennes de niveau supérieur au Bac), le concept d’auto-partage se développe cependant en France : Montpellier, Paris, Marseille, Grenoble, Bordeaux, Lyon ont aussi des associations (www.franceautopartage.com) ; de même les sociétés Vinci et Avis s’intéressent de près au concept ; parce que c’est rentable ? Pour redorer leur image et emporter d’autres marchés ? En tous cas ils savent, eux, que ça marche !

Une proposition de loi tendant à promouvoir l’auto-partage, à l’initiative de Roland Ries, sénateur socialiste alsacien, a même été adoptée à l’unanimité par le Sénat le 11 mai 2006 !
Alors, dépêchons-nous de soutenir ces initiatives citoyennes avant que le Marché ne les dénature !

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