On peut vivre sur 24 hectares

Publié le 29/09/2011

Par Jean Travers, groupe de Rennes

Un matin ombrageux et plutôt frisquet ; il bruine. Nous nous abritons sous le grand hangar qui sert à la fois de stabulation libre pour les charolaises, de parcage pour diverses volailles et d’abri pour les silos à céréales, les bottes de paille, les roundballers de foin et les tracteurs. Pascal Garçon nous reçoit près du tractopelle « à tout faire », sorte de couteau suisse ou de pince universelle, nous explique-t-il, très utile pour tous les travaux pénibles : cet engin peut soulever 800 kg de foin, déplacer des palettes, tirer/pousser quantité d’objets trop lourds pour un seul homme ; Pascal Garçon est seul sur l’exploitation.


L’aspect général de la ferme frappe par le contraste entre de vieilles installations (cours cimentées pour le stockage du matériel agricole et les ensilages) et des bâtiments plus modernes liés à l’activité actuelle. En effet, après plusieurs expériences professionnelles en milieu agricole ou non, Pascal a décidé, à 34 ans, de reprendre la ferme des ses beaux-parents, exploitation conventionnelle (lait, porcs, maïs-soja…), dont il est locataire. Mais il a infléchi le système d’exploitation pour un mode agricole plus biologique en lien avec le GIE Brin d’Herbe (deux magasins bio) dont il est membre avec dix-sept autres agriculteurs.

Très morcelée, son exploitation compte treize champs pour une surface de 24 ha dont 10 ha de cultures : blé, triticale, pois, maïs. Les céréales suffisent à nourrir 4 500 volailles à l’année, 15 vaches allaitantes, des génisse, des veaux et un taureau. Les volailles sont variées : pintades, poulets, canards, dindes, oies, chapons…
Pascal s’est équipé « à l’économie » avec du matériel d’occasion provenant de la fermeture d’autres exploitations ou d’un centre d’enseignement agricole (silos). Cela lui a permis de se contenter d’un emprunt raisonnable et il arrive bientôt au terme de ses remboursements. Il s’adresse à un CAT voisin pour l’abattage et le conditionnement des volailles et à des abattoirs assez proches pour la viande bovine. Il livre 1 à 2 bovins viande par an pour Brin d’Herbe et 2 pour les clients locaux. 4 génisses sont gardées sur l’exploitation et le reste des veaux est vendu dans le circuit classique.

Pascal fabrique lui-même ses aliments dont il dose les mélanges en fonction des différents animaux. Cela lui permet de limiter les intrants (soja) ; d’année en année, il diminue la surface cultivée en maïs. Pas d’antibiotiques mais du vinaigre de cidre en préventif. Les poussins sont reçus à l’âge de 14 jours et élevés dans des tunnels ou des « ateliers » (cabanes) ouvrant sur 8 parcs enherbés de 1 000 m² chacun : chaque catégorie de volaille dispose de son propre parc ce qui évite les conflits liés à la cohabitation. En cas de surproduction de volailles, Pascal fait transformer l’excédent en rillettes de canard, ou de poulets commercialisés par Brin d’Herbe ou vendus à la ferme. Enfin, Pascal exploite le bois des nombreuses haies qu’il entretient et reboise au besoin ; le remembrement n’est pas passé dans son secteur.

Au total, le chiffre d’affaires avoisine les 90 000 €. La comptabilité était tenue par son épouse mais celle-ci travaille à l’extérieur et actuellement c’est un expert qui gère les comptes.

Pascal bénéficie des conseils techniques d’un organisme, Qualitex, qu’il rémunère 500 € par an pour 5 visites et des contacts téléphoniques fréquents. Un vétérinaire veille sur la santé des animaux et l’hygiène de l’exploitation. Par ailleurs, les membres de Brin d’Herbe échangent informations et expériences professionnelles. De plus, Pascal appartient à une CUMA pour le partage des gros engins : tracteurs, charrues, faucheuses. Il n’a en propre qu’un tracteur, le tractopelle et du petit matériel..

Ses projets : transformer lui-même ses volailles dans un local ad hoc attenant à sa maison d’habitation toute proche ; ouvrir la ferme à des stagiaires ; s’arranger avec des voisins pour dégager davantage de jours de congés aujourd’hui très limités ; et rénover un ancien four pour un usage familial.

Le problème : difficulté à agrandir l’exploitation à cause du prix du terrain (4 000 à 6 500 € l’hectare).

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