Des paysans qui ont dit non… La preuve par dix !

Publié le 01/06/2010

Par le Comité de rédaction

Des paysans qui ont dit non, Yves Garric, éditions société Loubatières, Portet-sur-Garonne, 2010


On dit tellement de choses sur les paysans et chacun croit les connaître.
On dit même qu’il n’y a plus de paysans, qu’ils sont tous devenus des agriculteurs, des entrepreneurs, voire des industriels, bref qu’ils ont tous sacrifié à l’idéologie dominante faite de pesticides, d’engrais à outrance, de cumul de terres et de pourcentages en banque. En somme, comme bien d’autres…

Tous les paysans ? Eh bien, non ! Les résistants ne datent pas d’aujourd’hui, et ils ne sont pas restés dans une réserve, dans un village isolé au fin fond d’une soi-disant province perdue.
Yves Garric vient d’en faire la preuve par dix, dans son livre Des paysans qui ont dit non.

L’expérience ne manque pas à Yves Garric après une carrière bien remplie de journaliste dans la presse régionale, la radio puis la télévision. Il a cette faculté d’empathie, si précieuse pour ce métier, cette capacité à comprendre intuitivement son interlocuteur, à partager ses émotions. Il ne reste plus ensuite qu’à savoir divulguer et faire comprendre aux autres : c’est le métier du passeur qu’est le journaliste. Une affaire de technique sans doute, mais un peu plus pour être totalement franc ; cela passe aussi par la qualité de l’écriture.

Mais qu’ont-ils donc fait ces dix, « cette armée de l’ombre qui ont eu le courage du refus » ? Voilà ce qu’en dit Y. Garric dans l’avant-propos : « Leur résistance apparaît prophétique aujourd’hui. En disant fermement « non », c’est un « oui » vibrant qu’ont lancé ces paysans : oui à la solidarité, au dialogue, au respect, à l’ouverture… Et à l’espoir… Et à la beauté… Un million de fois oui à la vie ! Oui à la paysannerie ! ». La preuve, continue Y. Garric, « qu’il était possible de ne pas tomber complètement dans le panneau ». La preuve donc qu’il existe bien encore des paysans, des vrais.
Une preuve qui n’a rien de mathématique parce qu’elle préfère la rencontre, le récit, le bout de chemin fait avec des hommes et des femmes qui apparemment n’ont rien d’exceptionnel, en tout cas rien de passéiste ou de folklorique. Mais les apparences sont trompeuses. Il leur en a fallu du courage et l’exception, ici au moins, se marie bien avec la vie toute simple…

Ces tranches de vie se lisent comme un roman, un roman qui aurait de solides racines dans la terre de chaque jour. On pense, fatalement, à d’autres paysans, à ceux de Depardon, au moins pour la façon que le cinéaste a d’approcher les personnes.

Vous n’oublierez sans doute pas de si tôt ces dix paysans sélectionnés par Yves Garric, dans son département certes, mais, il en est sûr, il y en a aussi près de chez vous, aujourd’hui, ici et maintenant. Regardez, regardez autour de vous… Peut-être que certains paysans ressemblent à cette femme du Larzac, à ce paysan qui a introduit l’art moderne dans le château de sa commune rurale dont il était élu, à cet autre qui vous expliquera en long et en large comment manger du bon veau élevé sous la mère. A ce « paysan sans terre », ouvrier agricole et syndicaliste. Ou encore cet autre qui n’accepte pas (et redistribue) sa « retraite » liée à la guerre d’Algérie…

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